Janvier 2019 - n° 816

Devoir de mémoire et repères stratégiques

« Je n’aime pas l’expression devoir de mémoire. Le seul “devoir” c’est d’enseigner et de transmettre »

Simone Veil

L’année 2018 aura été marquée par la fin du Centenaire de la Grande Guerre commémorée en grande pompe avec un final à l’Arc de Triomphe le 11 novembre. Or, à peine quelques jours après, des scènes de guérilla urbaine se sont déroulées au pied du monument, sans aucune considération pour la flamme du Soldat inconnu. Ces images de saccage et de pillage ont choqué car elles soulignaient – au-delà des considérations politiques – l’absence de respect pour un des hauts lieux de notre histoire nationale mais aussi mondiale. Quand le souvenir unit des pays qui autrefois se sont entre-déchirés, le symbole de la paix reconstruite se doit d’être préservé et transmis aux générations futures. C’est bien le rôle du devoir de mémoire – même si le débat est légitime entre Histoire et mémoire – que de contribuer à ce passage de témoin entre les générations. Lire la suite

  p. 1-1

Chères lectrices et chers lecteurs de la Revue Défense Nationale, français et étrangers, en France et en dehors de nos frontières, toute l’équipe de la RDN vous souhaite une très bonne année 2019. Désigné par le conseil d’administration pour présider le Comité d’études de défense nationale, je voudrais saluer l’action de mon prédécesseur, l’Amiral Alain Coldefy, durant sept années. Sous sa direction, notre Revue a retrouvé une meilleure santé financière et elle a pris le tournant du numérique en développant son site Internet, véritable complément de la version papier qui demeure notre identifiant. Lire la suite

  p. 7-8

Devoir de mémoire

Le devoir de mémoire n’est pas figé ; il doit lui-même s’inscrire dans un processus intergénérationnel dynamique, s’appuyant sur une démarche historique pour éviter les pièges de l’idéologie. Le devoir de mémoire appartient à la Nation tout entière qui doit en assumer la responsabilité. Lire la suite

  p. 9-11

Le Centenaire de la Grande Guerre a été l’occasion de redécouvrir ce qu’a été cette guerre. De nombreuses initiatives, du local à l’international, ont pris forme. Le département de la Somme, particulièrement touché par le conflit, en a donné une illustration par de multiples approches mémorielles. Lire les premières lignes

  p. 12-16

La guerre de 1914-1918 a vu la mobilisation des opinions publiques dans tous les camps. L’information est devenue un enjeu et tous les gouvernements se sont efforcés, avec plus ou moins de succès, de contrôler celle-ci. La propagande est devenue un mode d’action nécessaire pour renforcer les cohésions nationales. Lire les premières lignes

  p. 17-22

Les États-Unis ont une approche de la Première Guerre mondiale très différente par rapport à la Seconde. Lorsque le conflit débute en 1914, la société américaine comprend une forte minorité germanophile qui, au fur et à mesure, va prendre parti pour les Alliés afin de défendre des principes démocratiques communs. Lire les premières lignes

  p. 23-28

Les Gurkhas, originaires du Népal, constituent une spécificité au sein de l’Army du Royaume-Uni. Depuis plus de 200 ans, ils fournissent des soldats d’élite et ont vu leur condition sociale s’améliorer progressivement, en particulier lorsqu’ils ont quitté le service actif. Londres a fait des efforts pour renforcer leur statut. Lire les premières lignes

  p. 29-35

Le Service du travail obligatoire (STO) occupe une place ambiguë dans l’histoire mémorielle de la Seconde Guerre mondiale. Les Français qui ont travaillé en Allemagne ont eu du mal à se situer, n’étant ni résistants, ni déportés. La reconnaissance de certains droits a été tardive et partielle. La mémoire du STO risque de disparaître très rapidement. Lire les premières lignes

  p. 36-41

Le rôle de la Marine a été largement sous-estimé durant et à l’issue de la Première Guerre mondiale. Malgré une contribution essentielle au niveau stratégique, l’absence de batailles navales a occulté le besoin d’un outil naval de premier ordre. Cette leçon servira après guerre pour reconstituer une marine moderne. Lire les premières lignes

  p. 42-47

La Grande Guerre a vu l’arrivée massive des sous-marins comme navires de combat. Les progrès technologiques ont été rapides, en particulier pour les Allemands, même si le résultat tactique fut au final décevant. L’arme sous-marine est devenue alors indispensable et son champ d’action n’a cessé de s’élargir. Lire les premières lignes

  p. 48-52

En 1918, l’armée allemande emploie des canons d’artillerie à très longue portée qui frappèrent Paris de manière aveugle. Si l’effet tactique fut réussi, le résultat stratégique fut un échec car ces bombardements n’entamèrent pas la détermination des autorités françaises à poursuivre la guerre jusqu’à la défaite allemande. Lire les premières lignes

  p. 55-60

L’Académie des Sciences d’Outre-mer s’inscrit dans la continuité de la Grande Guerre. Il s’agissait alors de souligner l’importance de la connaissance de ce qu’était alors l’Empire français en réunissant des figures illustres qui avaient contribué à explorer et administrer des contrées éloignées dans un esprit républicain. Lire les premières lignes

  p. 61-66

Le Militaria a la cote dans les ventes publiques. Au-delà de la valeur intrinsèque des objets, il faut prendre en compte leur valeur mémorielle avec aujourd’hui un risque de déviance en particulier autour du nazisme. Le droit français est à cet égard rigoureux mais pourrait être encore renforcé. Lire les premières lignes

  p. 67-73

Recensions

Devoir de mémoire

Notre vision de l’aviation militaire durant la Grande Guerre s’enrichit grâce à ce livre d’un focus sur les missions des agents français déposés par l’aviation derrière les lignes allemandes. Lire la suite

  p. 53-53

Contre-amiral Daveluy : Les Enseignements maritimes de la guerre antigermanique – 1919  ; (réédition assurée par l’amiral Benoît Chomel de Jarnieu) ; Les Presses du Midi, 2014 ; 145 pages - Philippe Wodka-Gallien

Les livres sur la Grande Guerre sont si nombreux qu’il est bien difficile de choisir. Celui-ci mérite en revanche toute notre attention. L’originalité tient ici à la restitution d’un texte écrit immédiatement au sortir du conflit. Son intérêt réside aussi dans l’importance prise par l’enjeu maritime au fil du siècle qui a suivi. Avec le temps, le style est devenu quelque peu désuet, un aspect qui, à lui seul, mérite le détour. Lire la suite

  p. 53-53

Lawrence Brown et Faris Sowadi : : Tommy 1914-1918. Le soldat de la British Expeditionary Force  ; Histoire & Collections, 2018 ; 148 pages - Philippe Wodka-Gallien

Ce très beau livre est un parcours consacré à l’engagement du soldat britannique dans la Grande Guerre. L’ouvrage, à classer dans la catégorie des beaux livres, alterne entre récits des opérations militaires, le quotidien des soldats, et tout ce qui compose l’équipement. L’imagerie populaire et des photos historiques complètent ce riche panorama de la Grande Guerre vu du côté de notre allié, le Royaume-Uni. Les témoignages de soldats rajoutent à la dimension très humaine de cette approche de la guerre. Lire la suite

  p. 54-54

François Géré : Sous l’empire de la désinformation - La parole masquée  ; Éditions Économica, 2018 ; 176 pages - Philippe Wodka-Gallien

François Géré est un de nos experts des questions stratégiques. Professeur des universités, animateur de l’Institut français d’analyse stratégique, il ne peut être pris en défaut sur le dossier dès lors qu’il s’agit de guerre médiatique et d’opérations psychologiques. Le contexte contemporain, celui d’un monde surmédiatisé, numérisé, traversé de rapports de force de toute nature, a motivé l’écriture de ce nouveau livre. Lire la suite

  p. 54-54

Repères stratégiques

L’opération Inherent Resolve conduite contre Daech au Levant démontre l’importance de la composante aérienne pour assurer la défaite de l’adversaire. Le leadership américain en la matière souligne la nécessité pour les États de la coalition d’être à la hauteur pour s’insérer dans un dispositif complexe mais très efficace. Lire les premières lignes

  p. 75-81

La coalition en Irak a permis de vaincre, en appui des Forces de sécurité du pays, l’organisation terroriste Daech. Le Centre militaire des opérations interarmées basé à Bagdad a été au cœur de tous les engagements. L’esprit de corps et la capacité d’interopérabilité entre tous les composants de la coalition ont été la clé du succès. Lire les premières lignes

  p. 82-89

La Marine doit poursuivre son évolution technologique et doctrinale tout en s’appuyant sur sa robustesse. L’innovation permet d’agir plus vite en étant davantage efficace et performante permettant à la Marine 4.0 de conserver son leadershipLire les premières lignes

  p. 90-94

La conduite des opérations aériennes est un élément structurant pour l’Armée de l’air et s’appuie sur des capacités techniques, des compétences mises en œuvre par les aviateurs et sur une culture spécifique doublée d’une longue expérience. Cela signifie également capacité d’adaptation et d’innovation. Lire les premières lignes

  p. 95-100

Opinions

Aujourd’hui, la pratique de compensations industrielles et financières pour les contrats d’armement est courante. Les offsets sont nécessaires mais doivent être conduits avec vigilance pour rester en cohérence avec le programme concerné et transformer cette contrainte en opportunité. Lire les premières lignes

  p. 103-106

La défense signifie un budget ad hoc. Il est donc utile d’étudier la perception de cette approche pour mesurer le soutien de l’opinion publique. L’étude présentée ici s’appuie sur une enquête menée auprès d’une population représentative d’étudiants, au final plutôt favorables à la défense et à ses besoins budgétaires. Lire les premières lignes

  p. 107-112

Les taliban demeurent une menace létale pour l’Afghanistan avec une capacité de nuisance toujours très élevée mais désormais insuffisante pour renverser un régime certes avec de nombreux défauts mais qui parvient cependant à améliorer la vie quotidienne des Afghans. Lire les premières lignes

  p. 113-118

La Russie a une attitude ambivalente envers l’Union européenne (UE), tantôt perçue comme un adversaire trop lié à l’Otan et aux États-Unis, tantôt comme un partenaire nécessaire. Dans tous les cas, Moscou conserve un intérêt majeur sur les questions européennes car la Russie est aussi une partie de l’Europe. Lire les premières lignes

  p. 119-123

Recensions

Pierre Pascallon (dir.) : Faut-il recréer un service national ?  ; Éditions L’Harmattan, 2018 ; 251 pages - Jérôme Pellistrandi

La récente nomination d’un Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, chargé de la jeunesse et de la mise en place du service national universel (SNU) marque une nouvelle étape dans ce projet annoncé au printemps 2017 par Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle (1). Derrière cette proposition initiale se posait une question de plus en plus sensible autour de la cohésion nationale que les attentats de 2015 avaient ébranlée. La montée du communautarisme renforcé par un Islam salafisé, la perte de contrôle de certains quartiers et la hausse de la délinquance liée aux trafics de drogue démontraient cette dérive inéluctable d’une partie de la jeunesse. Il convenait donc d’y faire face et apporter une réponse à ces défis, remettant en cause les fondements civiques de la République. Lire la suite

  p. 125-126

Jean-François Gayraud : Théorie des hybrides, terrorisme et crime organisé  ; CNRS Éditions, 2017 ; 300 pages - Olivier Kempf

Jean-François Gayraud s’est fait connaître par son analyse de la criminalité du capitalisme, avec notamment un remarquable ouvrage sur Le nouveau capitalisme criminel (Odile Jacob, 2014). Il poursuit son œuvre en reprenant une approche similaire, celle de l’accord des contraires, mais cette fois-ci dans un contexte très différent : il évoque la convergence voire la fusion entre la criminalité et les luttes politiques, souvent terroristes. Il désigne ce phénomène sous le nom de « Théorie des hybrides » qui justifie le nom de l’ouvrage. Lire la suite

  p. 126-127

Si les essais récents sur la puissance dans les relations internationales ne manquent pas, ce troisième ouvrage de Thierry Garcin chez Économica se distingue par son approche à la fois pédagogique et réaliste. Car La Fragmentation du Monde n’est pas qu’une simple fresque – comme il en existe tant – de l’état du monde, assortie de quelques pronostics incantatoires, mais bien un ouvrage qui donne une vue plongeante sur le phénomène de décomposition du système international hérité du XXe siècle, le tout soutenu par la rigueur de l’enseignant. Lire la suite

  p. 128-129

François Chauvancy : Blocus du Qatar : l’offensive manquée  ; Hermann, 2018 ; 150 pages - Emmanuel Dupuy

L’échec du blocus du Qatar est bien la preuve que le mythe du combat entre David et Goliath peut prendre les traits du réel. Alors que le lundi 5 juin 2017, le monde était pris de court par l’annonce du blocus du Qatar par le « quartet » (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Bahreïn et Égypte). Surprise tout d’abord par la violence de cet embargo politique et économique, la communauté internationale a réagi avec scepticisme sur les prétextes avancés par le quartet. Sous couvert d’accusation de supposés liens avec le terrorisme, Riyad et Abu Dhabi souhaitent en réalité faire rentrer le petit émirat gazier dans le rang, trop indépendant à leur goût. Professeur à l’École de Guerre, le général (2S) François Chauvancy revient dans son ouvrage Blocus du Qatar : l’offensive manquée – Guerre de l’information, jeux d’influence, affrontement économique, sur le contexte de ce conflit opposant les monarchies du Golfe mais surtout détaille les manœuvres du quartet, qui ont mené leur offensive sur le front économique et de l’information. Pour l’auteur, « Les nouvelles capacités techniques données à l’influence et à la propagande par Internet, le digital et la place qu’ont pris les réseaux sociaux ont créé un nouveau théâtre d’opérations cette fois dématérialisé mais au même objectif stratégique que dans le passé : permettre à un État de dominer son environnement international. » Lire la suite

  p. 130-131

David Diop : Frère d’âme  ; Seuil, 2018 ; 175 pages - Claude Le Borgne

L’identité de l’auteur n’est pas ici nettement déterminée. Certes, « Diop » est du Sénégal, où il a vécu son enfance. Mais David est moins clair et ce David est maître de conférences à l’université de Pau. Il avait publié un ouvrage en 2012 chez L’Harmattan, 1889, l’Attraction universelle. Bienvenue chez les grands ! Ce deuxième livre eût pu s’intituler Le tranche-mains, activité propre à terroriser où le narrateur excelle, comme les copains mais conscient, lui, de sa sauvagerie. Quand on nous dit de faire les sauvages pour faire peur à l’ennemi, c’est oui, « le fusil réglementaire dans la main gauche et le coupe-coupe sauvage dans la main droite ». Comme les copains, donc, mais avec un petit plus : lui s’attarde dans « la terre à personne » – no man’s land – en ramène un fusil ennemi… et la main qui va avec. Soldat-sorcier désormais, les camarades, toubabs ou « chocolats », l’évitent. Lire la suite

  p. 132-132

Jean-François Guilhaudis : Relations internationales contemporaines  ; LexisNexis, 2017 ; 1194 pages - Thierry Garcin

La 4e édition augmentée de Relations internationales contemporaines est ce qu’on appelle d’habitude une somme. œuvre de juriste (Jean-François Guilhaudis est professeur honoraire à l’université Grenoble Alpes) mais clairement pluridisciplinaire, ce fort volume à la table des matières utilement arborescente traite l’ensemble des relations internationales avec une vigilance et une précision peu habituelle. Lire la suite

  p. 131-132

Revue Défense Nationale - Janvier 2019 - n° 816

Devoir de mémoire et repères stratégiques

Duty of Remembrance

A duty to remember is not a fixation on the past, but needs to form part of a dynamic intergenerational process supported by a historical approach, particularly if ideological traps are to be avoided. The entire nation has a duty of remembrance and should acknowledge that responsibility. Read more

The Centenary of the Great War was the occasion to rediscover what the war was really about. Many events took place, on both local and international scales. The Department of the Somme, which was affected in considerable measure during the war, serves as a fine illustration of the various approaches to the memorial events.

The 1914-1918 war mobilised public opinion on every side. The availability of information developed into a major issue and governments on all sides made efforts with varying degrees of success to control its flow. Propaganda became a necessary activity to strengthen national cohesion.

The United States’ approach to the First World War was significantly different from that to the Second. When the conflict started in 1914 American society had a strong Germanophile minority which eventually sided with the allies to defend common democratic principles.

The Gurkhas originate from Nepal and have a particular place within the British Army. For more than 200 years they have been supplying elite soldiers and have seen their social status improve, especially when they leave their active service. London has made great effort to support their special status.

The history of the Second World War remains rather ambiguous about the STO (service du travail obligatoire—compulsory work service). The French who worked in Germany did not know quite where they stood, being neither from the resistance nor among those deported. Recognition of certain rights came late and then was only partial. Remembrance of the STO is very soon likely to disappear.

During and just after the First World War the role of the French Navy was greatly underestimated. Despite the Navy’s essential strategic contribution, the absence of naval battles somewhat obscured the need for a top-class naval service. The lesson was learned after the war in the reconstitution of a modern navy.

The Great War saw the arrival in vast numbers of submarines as warships. Technological progress was rapid—for the Germans in particular—even if, in the end, the tactical effect was disappointing. Since then the submarine has become an essential weapon and its scope of activity continues to increase.

In 1918, the German army used long-range artillery in order to strike Paris somewhat blindly. Whilst the action had tactical effect, the strategic effect was a failure since the bombardment did no harm whatsoever to the determination of the French authorities to pursue the war and to achieve defeat of Germany.

The Académie des Sciences d’Outre-mer was established in the wake of the Great War. A the time it was felt necessary to highlight the importance of knowledge of the then French empire by bringing together a number of illustrious figures who had contributed to the exploration and administration of distant lands in the republican spirit.

Militaria is highly popular in public auction sales. Quite apart from the intrinsic value of the objects sold, their memorial worth needs to be taken into account: these days there is a risk that such worth will be lost, in particular with regard to items relating to Nazism. In this respect, French law is quite rigorous, and yet it could be made stricter.

Book reviews

Duty of Remembrance

Contre-amiral Daveluy : Les Enseignements maritimes de la guerre antigermanique – 1919  ; (réédition assurée par l’amiral Benoît Chomel de Jarnieu) ; Les Presses du Midi, 2014 ; 145 pages - Philippe Wodka-Gallien

Lawrence Brown et Faris Sowadi : : Tommy 1914-1918. Le soldat de la British Expeditionary Force  ; Histoire & Collections, 2018 ; 148 pages - Philippe Wodka-Gallien

François Géré : Sous l’empire de la désinformation - La parole masquée  ; Éditions Économica, 2018 ; 176 pages - Philippe Wodka-Gallien

Strategic Matters

Operation Inherent Resolve, conducted against Daesh in the Levant, showed the importance of the air component in defeating the adversary. American leadership on this issue underlines the need for coalition countries to be up to speed in order to join such a complex, yet highly effective arrangement.

The coalition in Iraq in support of the Iraqi security forces was able to win against the Daesh terrorist organisation. The Joint Military Operations Centre based in Baghdad was the nerve centre for all activity. Team spirit and interoperability between coalition components were the keys to success.

The French Navy (La Marine) needs to continue its technological and doctrinal development, whilst drawing upon its strengths. Innovation means the capability to act more rapidly, with greater effect and increased performance. In this way, the Marine 4.0 will remain a top rank navy.

The conduct of air operations is one of the basic tasks of the Air Force: it relies on technical capability, the competence exercised by its airmen and a special culture born of considerable experience. It also requires the capability to adapt and innovate.

Opinions

The practice of offering industrial and financial compensation for arms contracts has become standard. Offsets are necessary, but need to be controlled with vigilance so that they are coherent with the relevant programme and that they convert the constraint into an opportunity.

By its nature, defence demands a somewhat ad hoc budget. It is interesting to study the perception of this approach to gauge what support exists among public opinion. The study presented here is based on an enquiry conducted among a representative population of students that showed them broadly in favour of defence and its budgetary needs.

The Taliban remains a lethal threat to Afghanistan, with a considerable capability to inflict damage albeit not enough to topple the current regime. Despite the latter’s many faults it is achieving improvements in Afghan daily life.

Russia remains ambivalent towards the EU, on one hand perceived as an adversary too close to NATO and the United States, and on the other as a necessary partner. Moscow in any case has a major interest in European questions since Russia is also part of Europe.

Book reviews

Pierre Pascallon (dir.) : Faut-il recréer un service national ?  ; Éditions L’Harmattan, 2018 ; 251 pages - Jérôme Pellistrandi

François Chauvancy : Blocus du Qatar : l’offensive manquée  ; Hermann, 2018 ; 150 pages - Emmanuel Dupuy

David Diop : Frère d’âme  ; Seuil, 2018 ; 175 pages - Claude Le Borgne

Jean-François Guilhaudis : Relations internationales contemporaines  ; LexisNexis, 2017 ; 1194 pages - Thierry Garcin

Revue Défense Nationale - Janvier 2019 - n° 816

Devoir de mémoire et repères stratégiques

L’année 2018 aura été marquée par la fin du Centenaire de la Grande Guerre commémorée en grande pompe avec un final à l’Arc de Triomphe le 11 novembre. Or, à peine quelques jours après, des scènes de guérilla urbaine se sont déroulées au pied du monument, sans aucune considération pour la flamme du Soldat inconnu. Ces images de saccage et de pillage ont choqué car elles soulignaient – au-delà des considérations politiques – l’absence de respect pour un des hauts lieux de notre histoire nationale mais aussi mondiale. Quand le souvenir unit des pays qui autrefois se sont entre-déchirés, le symbole de la paix reconstruite se doit d’être préservé et transmis aux générations futures. C’est bien le rôle du devoir de mémoire – même si le débat est légitime entre Histoire et mémoire – que de contribuer à ce passage de témoin entre les générations.

C’est bien pourquoi, en ce début 2019, la Revue Défense Nationale propose ce dossier qui n’est pas exclusivement historique et apporte plusieurs approches autour de cette thématique, avec une idée transverse, le besoin de donner un sens – en s’appuyant sur l’Histoire – à cette mémoire nationale, y compris dans ses zones grises qu’il importe de connaître pour pouvoir les assumer.

De fait, la Revue, qui va fêter ses quatre-vingts ans ce printemps, participe ainsi à ce devoir de mémoire mais aussi à la préparation des stratégies de défense pour la France. Ainsi, plus de 5 800 auteurs avec environ 23 000 publications réparties entre le mensuel et le site Internet ont contribué à alimenter cette réflexion stratégique, construire le débat et appuyer nos armées dont l’engagement opérationnel, tant en opérations extérieures que sur le territoire national démontre l’excellence, même si les difficultés restent nombreuses notamment en termes de ressources et de Maintien en condition opérationnelle (MCO). L’efficace réaction d’une patrouille de Sentinelle lors de l’attentat islamiste de Strasbourg l’a récemment démontré, de même que l’ensemble des missions conduites tout au long de cette année 2018 qui ont sollicité toutes les forces et les ressources du ministère des Armées, sans oublier la Gendarmerie. Dans un monde multipolaire où les égoïsmes nationaux semblent l’emporter sur le multilatéralisme et la démocratie, renforcer notre outil de défense, dans toutes ses composantes – en y intégrant la BITD et la dimension européenne – est une exigence due à nos concitoyens. Cela impose également un devoir d’explication autour des enjeux stratégiques trop souvent occultés dans le débat national. Contrairement à des slogans trop réducteurs, il ne s’agit pas d’opposer d’un côté le budget des armées et de l’autre les besoins sociaux.

Investir dans notre défense, c’est garantir la sécurité et la paix qui sont indispensables au bon fonctionnement de notre société. Agir au Sahel, frapper contre Daech au Levant, ou patrouiller dans notre Zone économique exclusive (ZEE) pour protéger notre souveraineté, participent ainsi au développement de notre pays et à consolider sa place au sein de l’Union européenne et des institutions internationales. C’est d’ailleurs cette vision qui transcende la politique de défense de la Ve République, tirant les leçons de notre Histoire symbolisée par l’Arc de Triomphe. ♦

Jérôme Pellistrandi

Revue Défense Nationale - Janvier 2019 - n° 816

Devoir de mémoire et repères stratégiques

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

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