Juin 2019 - n° 821

L’affirmation stratégique des Européens

« La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent »

Robert Schuman

Ce mois de mai a été marqué par les élections au Parlement européen. Jamais, depuis des années, le contexte international n’avait été aussi tendu et crispé avec la remise en cause des fondamentaux qui sous-tendaient les relations internationales depuis la chute du Mur. Retour des États-puissance, imposition du rapport de force, affaiblissement du modèle démocratique et volonté de fragiliser l’Union européenne et sa cohésion tant par la Chine, la Russie et ce qui est nouveau par les États-Unis de Donald Trump. Paradoxalement, cette construction originale, et sans équivalent sur la planète, ayant eu comme premier objectif d’établir la paix sur un continent qui s’était déchiré, tel un somnambule, à deux reprises, a développé un « soft power » qui semble aujourd’hui de plus en plus fragile, étant même critiqué de l’intérieur comme l’a montré la campagne électorale dans les pays membres. Il y a bien un désarroi européen, avec une remise en question de ces acquis qui avaient permis de dépasser les haines, les préjugés et les antagonismes amenant le « Vieux Continent » à sa déchéance. Lire la suite

  p. 1-1

L’affirmation stratégique des Européens

La Chaire Grands enjeux stratégiques contemporains a été consacrée principalement à l’Europe et à sa défense dans un contexte compliqué et aggravé par le processus chaotique du Brexit. L’Union européenne est de fait à un tournant existentiel, obligeant celle-ci à mieux s’affirmer sur le plan stratégique. Lire la suite

  p. 9-10

L’Europe est un atout majeur car elle permet aux États-membres d’être plus forts collectivement et donc de mieux protéger leurs citoyens. Cela exige de mener deux chantiers : une diplomatie plus active, une souveraineté numérique renforcée ; une économie mieux soutenue avec un euro dynamique et une écologie de progrès. Lire les premières lignes

  p. 11-19

L’Europe est dans le désarroi stratégique, dans un environnement international devenu délétère. Il est urgent de réaffirmer le besoin d’une défense européenne légitime et crédible. Le défi à relever est immense et nécessite beaucoup d’efforts de conviction. La France, allante dans ce domaine, prendra ses responsabilités. Lire les premières lignes

  p. 20-29

L’UE est pacifique par sa construction, mais elle se doit de renforcer sa crédibilité internationale en développant un vrai projet d’une défense militaire commune, lui permettant alors de mieux peser sur la scène internationale. Il ne s’agit pas de faire preuve d’ingérence mais de discuter avec les grandes puissances mondiales. Lire les premières lignes

  p. 30-36

La réconciliation franco-allemande constitue l’un des piliers fondateurs de la construction européenne. La dimension militaire en fait partie avec des réalisations concrètes mais il existe encore des divergences sur les objectifs stratégiques pour rendre la défense européenne vraiment opérationnelle. Des progrès sont possibles. Lire les premières lignes

  p. 37-42

La coopération franco-allemande dans le champ de la défense est déjà ancienne avec quelques succès mais aussi beaucoup de non-dits en raison de profondes divergences quant aux objectifs stratégiques et aux intérêts économiques et industriels. Les symboles sont plus nombreux que les engagements opérationnels communs. Lire les premières lignes

  p. 43-49

Une Europe européenne comme une Europe atlantique amarrée aux États-Unis sont des illusions aujourd’hui avec les ambiguïtés de l’Administration Trump. Il y a un manque d’ambition des Européens et une habitude à un confort stratégique depuis plus de soixante ans. Un sursaut est souhaitable dans un monde en mutation. Lire les premières lignes

  p. 50-55

La question de la dissuasion nucléaire en Europe est restée longtemps un sujet ambivalent. Le parapluie américain était censé assurer cette fonction. Or, les atermoiements de l’Administration Trump semblent la remettre en cause. Le débat est donc rouvert, en sachant que la France restera la seule puissance nucléaire après le BrexitLire les premières lignes

  p. 56-68

L’Europe s’est construite en trois phases depuis 1945. Mais la dernière avec l’absorption des pays de l’Est a échoué à cause du modèle d’intégration proposé visant à gommer les aspects nationaux, d’où un désarroi s’exprimant dans le populisme électoral. Il est nécessaire de réagir pour que cet échec ne soit pas définitif. Lire les premières lignes

  p. 69-76

Contrairement aux attentes des années 1990, l’Europe n’a pas réussi à créer une réelle cohésion et cohérence entre les États-membres. Une fracture s’est dessinée peu à peu entre les pays anciennement sous la tutelle de l’URSS et l’Ouest avec des divergences profondes sur les valeurs et le projet européen. Lire les premières lignes

  p. 77-81

L’Europe doit se fixer comme objectif politique une autonomie stratégique cohérente et crédible, dépassant la simple analyse des menaces. L’UE doit se doter d’un document stratégique définissant les intérêts communs, et d’une loi de programmation militaire pour combler des lacunes capacitaires identifiées depuis longtemps. Lire les premières lignes

  p. 82-87

Le lien transatlantique a construit les mentalités américaines avec comme substrat les principes des Lumières, le respect intransigeant de la liberté individuelle. Or, les divergences idéologiques sont aujourd’hui une réalité inquiétante avec la remise en cause de cet universalisme longtemps commun. Lire les premières lignes

  p. 88-93

La relation entre les États-Unis et les pays européens est complexe, ces derniers ayant besoin de la protection de Washington. Cependant, celle-ci n’est plus évidente dans la mesure où les Américains sont devenus dubitatifs à l’égard de l’Europe, Donald Trump manifestant peu d’intérêt pour l’Otan et méprisant l’UE. Lire les premières lignes

  p. 94-102

Les Européens sont confrontés à une crise existentielle, remettant en cause le modèle de l’UE. Les pays se sont polarisés et crispés avec des divergences d’intérêts obligeant à revoir deux approches pour l’avenir : cohésion et souveraineté européenne ; questions centrales pour la prochaine Commission, à l’issue du scrutin du 26 mai. Lire les premières lignes

  p. 103-108

L’UE aura toujours un rôle limité sur le plan militaire malgré les efforts déjà réalisés. De fait, la France reste la seule puissance européenne ayant une défense crédible. Elle devra donc assumer plus de responsabilités et avoir un véritable leadership dans ce domaine, reconnu par ses partenaires. Lire les premières lignes

  p. 109-116

L’intelligence artificielle dans les combats futurs

L’IA innerve désormais le champ de bataille, avec de nombreuses interrogations et questions sur les avantages et inconvénients. Certes, l’IA est un véritable défi exigeant une approche antique et éthique mais elle contribue à réduire les incertitudes et donc à lever les doutes imposés par le brouillard de la guerre. Lire les premières lignes

  p. 117-122

L’IA est un atout désormais indispensable dans les opérations. Naval Group travaille sur cette thématique en considérant que l’IA doit d’abord répondre à un besoin opérationnel tout en prenant en compte la spécificité du domaine naval. Cela signifie également savoir innover et repenser nos méthodes de travail. Lire les premières lignes

  p. 123-127

Contrepoint

L’IA irrigue quasiment tous les champs traitant de données. La croissance exponentielle de ses développements l’oblige à une vigilance permanente en cybersécurité. De fait, IA et cybersécurité sont étroitement liées pour lesquelles la France doit poursuivre ses investissements pour préserver sa souveraineté numérique. Lire les premières lignes

  p. 131-137

Jusqu’à présent, les effets de la cyberconflictualité étaient certes spectaculaires mais à relativiser sur le plan physique. Toutefois, une évolution est réelle via l’Internet des objets et pourrait ainsi avoir de fortes conséquences perceptibles concrètement, ouvrant de nouvelles potentialités aux cyberguerres. Lire les premières lignes

  p. 138-143

L’expansion de mégapoles surpeuplées constitue un enjeu de sécurité. Le développement de villes connectées (smart cities) modifie les modes d’action militaire. Cela oblige à une réflexion doctrinale renouvelée pour répondre aux défis d’un engagement de nos forces dans un environnement urbain complexe et plus dangereux. Lire les premières lignes

  p. 144-148

Approches régionales

L’UE développe une coopération bilatérale avec la Tunisie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme islamiste. Des mécanismes ont été mis en place pour permettre aux autorités tunisiennes d’améliorer leurs moyens et méthodes tout en renforçant l’État de droit. L’UE se doit de contribuer à ce type de politique étrangère. Lire les premières lignes

  p. 149-154

Repères - Opinions

La formation des pilotes de chasse est exigeante. L’arrivée de l’avion PC-21 va profondément modifier le cursus. Il faut cependant, avant cette phase d’instruction, renforcer les compétences du futur jeune pilote en utilisant les atouts de la simulation mais aussi en volant sur un avion d’initiation performant. Le pilotage restera un enjeu central pour l’Armée de l’air. Lire les premières lignes

  p. 155-160

Quatre bâtiments ravitailleurs de forces (BLR) vont remplacer les trois BLR du type Durance entre 2022 et 2029. Les BLR inspirés du LSS italien vont apporter de nouvelles capacités renforçant notre Marine à vocation océanique tout en pouvant s’adapter aux besoins futurs dont celui du prochain porte-avions. Lire les premières lignes

  p. 161-167

De nouvelles technologies comme la fabrication additive avec les imprimantes 3D peuvent profiter à des pratiques de prolifération, offrant des capacités à des entités voulant se doter d’armes perfectionnées. Il est nécessaire de revoir les mécanismes de contrôle et de discuter avec les industries développant ces outils innovants. Lire les premières lignes

  p. 168-173

Les discussions sur l’Arms Control se sont tendues alors que des échéances lourdes se présentent sur plusieurs traités. Ceux-ci ne semblent plus en mesure de répondre aux nouveaux défis dont la montée en puissance de la Chine. Pour la France et l’Europe, il faudra être vigilant pour ne pas se faire marginaliser dans les deals à venir. Lire les premières lignes

  p. 174-179

L’amiral Guy Labouérie, décédé en 2016, a été un grand penseur de la stratégie et a profondément influencé plusieurs générations de marins. Écrivain rigoureux, fortement influé par la théologie chrétienne, il a construit une œuvre souvent complexe mais posant des questions essentielles sur la violence. Lire les premières lignes

  p. 180-188

Dès l’automne 1940, François de Menthon publie le journal clandestin Liberté poussant à la Résistance contre l’occupant nazi. Procureur au procès de Nuremberg, ce Savoyard a été un des artisans du programme politique du CNR. Sa mémoire a été hélas oubliée et mériterait d’être rappelée car il fut un vrai combattant de la liberté. Lire les premières lignes

  p. 189-192

Chroniques

La polémique sur les responsabilités réciproques de Joffre et de Gallieni, au sujet de la bataille de la Marne, semblait éteinte depuis longtemps, l’historiographie ayant tranché sur le rôle premier de Joffre, commandant en chef responsable de l’ensemble du théâtre, et de Gallieni, en sous-ordre. Mais, une biographie récente Joseph Gallieni par Pierre Montagnon (Via Romana, 2016) porte néanmoins toujours en sous-titre « Le vrai vainqueur de la Marne » ce qui incite, au regard de l’art de la guerre, de reconsidérer une nouvelle fois, « Joffre et Gallieni face à l’événement ». Lire la suite

  p. 193-195

Recensions

Max Schiavon : Weygand - L’intransigeant   ; Éditions Tallandier ; 2018, 591 pages - Claude Franc

Connu pour ses biographies des généraux de la campagne de 1940, Max Schiavon vient d’en publier une consacrée au général Weygand, après celles relatives aux généraux Georges et Corap. Bénéficiant d’une typographie ouverte et richement illustré, voilà un ouvrage agréable qui se lit avec plaisir. Le choix de l’éditeur de placer en notes in fine, et non en bas de page, constitue toujours une gêne relative pour le lecteur attentif qui ne veut perdre aucune référence ni explication. Lire la suite

  p. 196-199

Frédéric Lynn : Les hommes libres  ; Éditions Bios, 2017 ; 416 pages - Serge Gadal

La guerre qui oppose depuis 2014 dans le Donbass, région orientale de l’Ukraine, séparatistes pro-russes et forces armées ukrainiennes, a jusqu’ici été traitée essentiellement sous l’angle géopolitique, et très rarement sous l’angle du vécu des participants. Lire la suite

  p. 199-201

Bernard Lavallé : Pacifique - À la croisée des empires  ; Éditions Vendémiaire, 2018 ; 352 pages - Emmanuel Desclèves

Cette histoire du Pacifique est avant tout celle des explorateurs puis colonisateurs européens qui ont progressivement investi la « mer du Sud », à partir de sa fameuse « découverte » par l’Espagnol Bilbao en 1513. Lire la suite

  p. 201-202

Général d’armée Pierre de Villiers : Qu’est-ce qu’un chef ?  ; Fayard, 2018 ; 253 pages - Thibault Lavernhe

Comme son titre l’indique, cet essai est avant tout une réflexion sur l’autorité, son essence et ses manifestations. Encore un ouvrage sur l’autorité pourrait-on penser ? Il est vrai que les ouvrages sur le sujet – et plus généralement sur le leadership – ne manquent pas, qu’ils soient le fait d’hommes politiques (1), de militaires (2) ou de philosophes (3). Mais, venant d’un ancien chef d’état-major des armées, le propos mérite incontestablement qu’on s’y arrête. Lire la suite

  p. 202-204

Brice Erbland : Robots tueurs - Que seront les soldats de demain ?  ; Armand Colin, 2018 ; 176 pages - Benoît Aboville (d')

Dans la collection d’ouvrages publiés sous l’égide de l’Association pour les études sur la guerre et la stratégie (AEGES), le livre du lieutenant-colonel Brice Erbland se détache par sa clarté et son ambition. Il se propose en effet de non seulement de resituer l’arrivée des systèmes d’armes létales autonomes (SALA), par rapport à l’évolution du combat futur, mais également de faire le départ entre leur utilisation et la place qui demeurera celle des soldats sur le terrain : quelles seront les conséquences sociologiques et tactiques de leur présence, jugée désormais inévitable, dans les opérations ? Lire la suite

  p. 204-204

Revue Défense Nationale - Juin 2019 - n° 821

L’affirmation stratégique des Européens

Debate on major contemporary strategic challenges has been focusing mainly on Europe and its defence in an already complicated state of affairs, aggravated by the chaotic process of Brexit. The European Union is in fact at a turning point in its existence, which means it needs to be more assertive on a strategic level. Read more

The Strategic Assertion of Europeans

The European Union has a major advantage in that it allows member states to be stronger collectively and therefore better placed to protect their citizens. Two areas of work in particular need to be undertaken: more active diplomacy with strengthened digital independence, and an economy that is better supported by a dynamic euro and forward-looking ecology.

Europe is in strategic disarray within a deleterious international environment. Reaffirmation of the need for legitimate and credible European defence is urgently needed. The challenge to be faced is immense and requires much effort and conviction. France is active on this issue and will take on its responsibilities.

The EU is pacific in nature but needs to strengthen its international credibility by developing a genuine programme for common military defence that would better enable it to bring weight to bear on the international scene. It is not a matter of proving its ability to get involved but to be able to discuss issues with the major world powers.

Franco-German reconciliation was one of the founding pillars of European construction. The military dimension of this policy has resulted in some positive developments but disagreements still exist on the strategic objectives for a truly operational European defence structure. There is progress still to be made.

Franco-German cooperation in the field of defence goes back a long way and has led to a number of successes but much has also been left unresolved because of fundamental differences over strategic objectives and economic and industrial interests. Symbolism has the edge by far over real, common operational commitments.

Given the ambiguities of the Trump administration, a European Europe and an Atlantic Europe tied to the United States are both now illusions. For over sixty years Europeans have lacked ambition and have lived in strategic comfort: a shake-up is needed in a changing world.

Nuclear deterrence in Europe has long been the subject of ambivalence. The American umbrella was supposed to have ensured such deterrence yet the prevarications of the Trump administration are calling it into question. Given that France will be the sole nuclear power in the European Union after Brexit, the debate has been reopened.

Of the three phases of European construction since 1945 the last, which incorporated some former Eastern Bloc countries, has run into difficulty because of the proposed integration model that aimed at erasing a number of national aspects. The disarray rising from this, which has led to rising electoral populism, means there is a need to react to avoid this difficulty turning into a complete failure.

Contrary to expectations of the nineteen-nineties, the European Union has not succeeded in creating true cohesion and coherence among its member states. A rift has gradually been created between those countries formerly under dominance of the USSR and those of the West, with profound differences over values and the European project.

Europe needs to set itself the political objective of acquiring coherent and credible strategic autonomy that goes beyond simple analyses of threats. The EU must create a strategic document that defines common interests and a military programming law that bridges the long-identified capability gaps.

The Transatlantic link was instrumental in the creation of American mentalities based on the principles of the Lumières and the absolute respect of individual freedom. Nevertheless, ideological differences have now become a source of concern, since they call into question these long-accepted universal, common beliefs.

Relations between the United States and European countries are complex. The latter need Washington’s protection and yet with Donald Trump showing little interest in NATO and being highly critical of the EU, that protection is no longer certain insofar as the Americans harbour greater doubts about Europe.

Europeans are facing an existential crisis that calls the EU model into question. Countries have become polarised and tense, and their diverging interests require a new look at two approaches for the future—cohesion and European sovereignty. These are central issues for the Commission following the elections of 26 May 2019.

The EU will always have a limited military role despite the advances already achieved. France is the sole EU power to have any credible defence. It will therefore have to take on greater responsibility and offer genuine leadership that is accepted by its partners.

Artificial Intelligence in Future Combat

AI is now innervating the battlefield with numerous analyses and questions on its advantages and disadvantages. AI certainly poses a challenge requiring a classical, ethical approach, yet it contributes to reducing uncertainty and therefore to lifting the doubt that arises from the fog of war.

AI is now an essential element of operations. Naval Group is working on the issue by considering that AI must above all respond to an operational need whilst taking into account the peculiarities of the naval environment. This also means knowing how to innovate and rethink our working practices.

Counterpoint

Artificial Intelligence is finding its way into almost all aspects of data handling. The exponential growth in developments requires permanent vigilance with regard to cyber security. It is a fact that AI and cyber security are closely linked: France should continue its investment in order to preserve its digital sovereignty.

Up to now the results of cyber conflict have been somewhat spectacular yet should be kept in perspective with regard to their physical effects. That said, real change is happening via the Internet of objects, which could have major tangible consequences that open up new potential for cyber warfare.

The expansion of over-populated megalopolises poses a challenge for security, and the development of smart cities is modifying modes of military action. New doctrinal thinking is needed to respond to the challenges of any commitment of our forces in a complex and more dangerous urban environment.

Regional Approaches

The EU is developing bilateral cooperation with Tunisia in the matter of fighting Islamist terrorism. Mechanisms have been set up to allow the Tunisian authorities to improve their ways and means and at the same time reinforce the constitutional state. The EU has a duty to contribute to this type of foreign policy.

Opinions and Viewpoints

The training of fighter pilots is highly demanding, and the entry into service of the PC-21 aircraft will fundamentally alter the syllabus. Before that phase of instruction, the competences of the young future pilot need to be built upon through use of simulation and in flying a high performance initial training aircraft. Piloting remains a pivotal matter for the Air Force.

Four force replenishment ships (Bâtiment ravitailleur de forces—BRF) will replace the three Durance class AORs between 2022 and 2029. The BRF concept follows that of the Italian LSS, bringing new capabilities to our ocean-going navy and it will be adaptable to future needs, including that of the next aircraft carrier.

New technologies such as additive manufacturing using 3D printers could be used to the benefit proliferation practices, since they afford capabilities to those who seek to obtain high quality weapons. There is a need to revisit control mechanisms and to enter into discussion with the industries that are developing these innovative tools.

Arms Control talks have become strained at a time of heavy commitments arising from several treaties. It would seem that these treaties are no longer able to respond to new challenges such as China’s increasing power. France and Europe need to be vigilant if they are not to be sidelined in future deals.

Admiral Guy Labouérie, who died in 2016, was a great strategic thinker and had considerable influence on several generations of seafarers. He was heavily influenced by Christian theology and his rigorous writing often led to complex works that posed vital questions on the use of force.

From the autumn of 1940, François de Menthon published the secret newspaper Liberté that encouraged resistance to the Nazi occupiers. This man of Savoy origin was one of the designers of the political programme of the Council for national resistance and later became a prosecutor at the Nuremberg trials. He has alas been largely forgotten and yet merits remembrance as a genuine fighter for freedom.

Book reviews

Brice Erbland : Robots tueurs - Que seront les soldats de demain ?  ; Armand Colin, 2018 ; 176 pages - Benoît Aboville (d')

Revue Défense Nationale - Juin 2019 - n° 821

L’affirmation stratégique des Européens

Ce mois de mai a été marqué par les élections au Parlement européen. Jamais, depuis des années, le contexte international n’avait été aussi tendu et crispé avec la remise en cause des fondamentaux qui sous-tendaient les relations internationales depuis la chute du Mur. Retour des États-puissance, imposition du rapport de force, affaiblissement du modèle démocratique et volonté de fragiliser l’Union européenne et sa cohésion tant par la Chine, la Russie et ce qui est nouveau par les États-Unis de Donald Trump. Paradoxalement, cette construction originale, et sans équivalent sur la planète, ayant eu comme premier objectif d’établir la paix sur un continent qui s’était déchiré, tel un somnambule, à deux reprises, a développé un « soft power » qui semble aujourd’hui de plus en plus fragile, étant même critiqué de l’intérieur comme l’a montré la campagne électorale dans les pays membres. Il y a bien un désarroi européen, avec une remise en question de ces acquis qui avaient permis de dépasser les haines, les préjugés et les antagonismes amenant le « Vieux Continent » à sa déchéance.

D’où le besoin de remettre cent fois sur le métier ce projet européen avec ses faiblesses, ses lacunes, mais aussi ses forces et ses avancées, avec le dossier de ce mois consacré aux travaux de la Chaire des grands enjeux stratégiques de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Avec une idée directrice, l’Europe doit s’affirmer stratégiquement et assumer clairement ses responsabilités. Cela ne signifie pas pour autant remettre en cause l’Otan et le lien transatlantique mais plutôt d’assurer pleinement son rôle et d’arrêter d’esquiver, avec de mauvais prétextes, les charges qui lui incombent. Certes, cela ne sera pas facile. D’un côté, le Brexit aux effets délétères, de l’autre, les difficultés de l’axe franco-allemand avec des approches divergentes aggravées par la question du leadership industriel sur la BITD européenne. Autant d’obstacles qu’il faudra surmonter comme le soulignait Florence Parly, ministre des Armées, avec sa remarque acerbe considérant que l’article V n’était pas l’article F-35.

Ce besoin d’Europe sera d’autant plus nécessaire que l’environnement stratégique s’accélère. Il en est ainsi de l’intelligence artificielle (IA) qui pénètre quasiment toutes les activités de défense et qui nécessite à la fois investissements et réflexions éthiques et juridiques pour conserver une véritable souveraineté numérique face aux géants comme les GAFAM mais aussi la Chine pour qui l’IA est très clairement un outil sécuritaire au service de l’État. Le paradoxe de ce numéro tient d’ailleurs dans la place que campe désormais Pékin sur la scène internationale, en devenant le premier compétiteur des États-Unis et dont le projet géopolitique ne se limite plus à développer de la coprospérité mais bien à s’affirmer comme la première puissance mondiale demain et en imposant peu à peu son modèle politique autoritaire. Le rôle de la Chine sur le grand puzzle mondial va notamment s’accroître de façon inexorable avec la fin de certains traités liés à l’Arms Control. Là encore, le nucléaire va retrouver une actualité, avec de fait une prolifération probable à partir de l’Asie et une Europe faisant l’autruche, en pensant que son « soft power » et sa morale la préserveront des tensions géopolitiques.

Alors que la trêve estivale va bientôt ralentir le rythme politique, l’Europe aura tout intérêt à proposer une nouvelle dynamique à ses membres et aux citoyens de l’UE car la rentrée sera loin d’être un long fleuve tranquille avec un Brexit qui sera alors désormais inéluctable et le début de la campagne électorale américaine pour laquelle Donald Trump part favori. Soit l’Europe prend ses responsabilités, soit elle sera condamnée à être la brebis au milieu d’une meute de loups composée de mâles dominants. ♦

Jérôme Pellistrandi

Revue Défense Nationale - Juin 2019 - n° 821

L’affirmation stratégique des Européens

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