Publiées régulièrement, ces analyses inédites d’ouvrages sont en accès libre, tout comme les recensions publiées dans l’édition mensuelle.
Depuis plus de quarante ans, Patrick Forestier couvre en première ligne les événements et les conflits majeurs de la planète, pour la presse écrite et la télévision : Paris Match, Nice Matin, Sud-Ouest, le Télégramme ; TF1, France 2 et Canal+. Dans ses écrits et ses productions cinématographiques, l’URSS puis la Fédération de Russie sont omniprésentes. Qu’il s’agisse de l’Europe de l’Est : la Pologne, l’Allemagne de l’Est lors de la chute du mur de Berlin, ou de l’Afghanistan, tombeau des soldats russes. Mais son terrain de prédilection est incontestablement l’Afrique. Tout au long de ses périlleuses aventures outre-mer, vécues bien souvent dans des conditions aussi précaires que rocambolesques, le reporter de guerre a été le plus souvent aux avant-postes de la défense de la liberté symbolisée par le monde occidental. Lors de ses expéditions dans les points chauds de la planète, il a partagé le quotidien, le plus souvent dans des conditions précaires, de combattants, réguliers ou non, et de populations civiles en détresse. Cela lui a permis, à travers ses reportages, de nous informer sur la réalité de terrain sur des théâtres d’opérations pas systématiquement couverts par les médias mainstream, mais tout aussi poignants et précurseurs de désastres à venir.
Dans son dernier ouvrage, l’ambassadeur Raoul Delcorde dépasse l’histoire de la diplomatie et sa théorie pour entrer dans le cœur du métier de diplomate : la négociation internationale. « Maintenant, on se parle. », sont les premiers mots de l’ouvrage Manuel de la négociation diplomatique internationale, préfacé par l’ambassadeur belge Jean de Ruyt, mettant le lecteur directement au cœur du sujet et de l’action.
C’est un témoignage personnel puissant et émouvant, encore inédit, que nous propose Firmin Daligault avec ses Cahiers de guerre d’un avocat normand. Le sujet n’est naturellement pas nouveau et les récits autobiographiques de la Grand Guerre ne manquent pas, encore que nos grands anciens eussent traversé de telles horreurs dans les tranchées que la plupart d’entre eux sont restés sans voix après-guerre, incapables de traduire par des mots ce qu’ils avaient vécus, même pour leur famille proche.
Pour les lecteurs n’ayant pas eu l’opportunité d’aborder l’histoire croisée de l’Ukraine et de la Russie d’Andreas Kappeler, il leur en donnera l’occasion dans sa nouvelle édition actualisée (la première date de 2017). Il a ajouté une trentaine de pages relatives à l’agression russe du 24 février 2022 dont il décrit le cheminement et les grandes étapes. À ses yeux, la métaphore des frères inégaux, qu’il a employée tout au long de son ouvrage, se justifie pleinement : le macho Poutine, qui dirige d’une main de fer la famille patriarcale russe, ne peut tolérer la trahison du frère félon. Pourtant, bien que la Russie ait pris congé de l’Europe pour se tourner vers la Chine et l’Asie, le professeur émérite à l’Université de Vienne ne croit pas qu’il s’agisse d’une rupture définitive. Le futur reste ouvert, certes, mais John Maynard Keynes n’a-t-il pas écrit que, dans le long terme, nous serons tous morts.
Voici un très synthétique et solide ouvrage, d’un des grands experts de l’Asie et de la Chine, fondateur et président d’honneur de l’Institut HEC Eurasia. On y trouvera d’abord une réflexion sur le sujet d’une seule Chine qui, en passant de l’histoire à la situation actuelle, montre en quoi la question de Taïwan est devenue existentielle, tout en étant un objet diplomatique radioactif. En 2005, l’Assemblée nationale populaire de Pékin passa une loi, votée avec 2 896 voix favorables et 2 abstentions, consacrée exclusivement à Taïwan, qui condamnait par avance des menées sécessionnistes.
Ne sait-on pas déjà tout de la crise des missiles de Cuba ? Telle est la question que l’on peut se poser en jetant un regard sur la couverture de ce nouvel ouvrage de la collection « Mémoires de Guerre » aux Éditions Les Belles Lettres. Pourtant, malgré les livres et les films que l’on ne compte plus sur les fameux « treize jours » d’octobre 1962 qui ont bousculé le monde, ce recueil des enregistrements des réunions secrètes du comité exécutif réuni autour du président Kennedy vient combler un vide : en ouvrant au grand public les discussions d’un groupe de décideurs soumis à une pression énorme, Sheldon M. Stern, historien à la bibliothèque John F. Kennedy à Boston, donne un relief humain à un épisode souvent stéréotypé du récit national américain, et permet ainsi au lecteur de comprendre ce qui s’est vraiment passé. Ces bandes, qui couvrent la période du 16 octobre au 20 novembre 1962, ont été déclassifiées progressivement entre 1977 et 2001, mais c’est la première fois qu’une synthèse « lisible » et ordonnée est produite, dans une forme narrative qui permet de restituer l’atmosphère de ces assemblées secrètes.
Au moment où l’on déplore le manque de grands leaders, la lecture de ce dernier livre du centenaire de Henry Kissinger est utile, tout en laissant une trace de nostalgie. Au sein de toutes les institutions humaines, le leadership est indispensable pour aider les gens à se rendre de l’endroit où ils sont à un point où ils n’ont jamais été et, parfois, ils ont peine à imager qu’ils puissent y aller.
Au moment où l’on s’interroge sur la nature du pouvoir russe, s’agit-il d’une dictature, ou d’un pouvoir mafieux, cet ouvrage fort bien documenté tombe à pic. Il a fallu réunir le savoir de deux experts pour fournir une telle masse d’informations. Le premier, historien russo-américain, universitaire, expert internationalement reconnu de l’Union soviétique et de la Russie contemporaine, Yuri Felshtinsky, est l’auteur de divers ouvrages traduits dans plusieurs langues dont Blowing Up Russia, écrit avec l’ex-espion tué au polonium, Alexandre Litvinenko. Le second, ancien officier de l’Armée rouge en RDA et lieutenant-colonel du KGB, Vladimir Popov est un opposant en exil. Tous deux ont codirigé la somme The KGB Plays Chess: The Soviet Secret Police and the Fight for the World Chess Crown.
L’épopée des révoltés de la Bounty est dans toutes les mémoires, mais si cette histoire nous paraît si familière, c’est qu’elle a été en quelque sorte révélée au grand public par deux écrivains américains de grand renom : Charles Nordhoff et James Norman Hall. Mutiny on the Bounty paraît en 1932, suivi de Men Against the Sea puis de Pitcairn’s Island qui vient clore une trilogie qui assure à ses auteurs un immense succès littéraire qui se maintiendra sur une trentaine de romans, d’où sont tirés plusieurs grands films.
Selon bien des projections, l’Allemagne, aujourd’hui 4e puissance économique du monde, demeurerait parmi les dix plus importantes qui auront émergé en 2050, en prenant en compte l’Inde, le Brésil, l’Indonésie et certains autres. La France, actuellement 7e économie mondiale, ne figurerait, en 2050, qu’entre la 10e et la 20e place. La convergence de continuelles prévisions rend très plausible un tel scénario. La France décroche dans de nombreux secteurs économiques et cet ouvrage a pour objet de le démontrer. L’Allemagne progresse dans le domaine économique. Elle attire la quasi-totalité des migrants arrivant en Europe.
Héritiers des câbles sous-marins télégraphiques apparus au XIXe siècle, les câbles sous-marins numériques modernes font régulièrement parler d’eux, soit comme condition de la connectivité indispensable au développement économique des nations, soit comme objet de compétition géopolitique entre États. La récente publication d’une Stratégie ministérielle de maîtrise des fonds marins a ainsi contribué à mettre en avant les enjeux des câbles sous-marins pour un pays comme la France. Pour autant, ces artères de la mondialisation qui jalonnent les grands fonds marins sont souvent l’objet de nombreuses approximations et de nombreux fantasmes : l’ouvrage de Camille Morel, juriste et chercheuse en relations internationales, vient donc opportunément clarifier les enjeux portés par ce réseau mondial de plus de 450 câbles qui est entré depuis la décennie 2010 dans une phase de forte croissance. Ainsi, en complément d’une description technique et physique de ce réseau planétaire, ce court précis offre au premier chef une mise en perspective historique et géographique qui permet de cerner comment les câbles sous-marins sont rapidement devenus, après leur apparition, le siège de rapport de forces entre nations, en temps de paix comme en temps de guerre : à l’ère du télégraphe comme à celle d’Internet, le contrôle de ces « autoroutes de l’information » qui véhiculent l’écrasante majorité du transit d’informations entre les hommes est un avantage décisif pour peser dans les équilibres mondiaux.
Vincent Jauvert, grand reporter à L’Obs, enquête depuis trente ans sur les importants dossiers d’espionnage contemporains, et a eu le privilège de rencontrer, un peu partout dans le monde, maîtres espions, taupes et officiers traitants, ainsi que d’autres grands responsables comme Zbigniew Brezinski, le conseiller à la Sécurité nationale du président Jimmy Carter (1977-1981) ou Colin Powelll, le secrétaire d’État de George Bush, qui toute sa vie regrettera de s’être fait piéger par la CIA en « dévoilant » dans son discours du 5 février 2003 que l’Irak de Saddam Hussein était en possession d’armes de destruction massive. Plus que jamais, surtout depuis la guerre en Ukraine, avec les divulgations de la CIA, les affaires de contre-espionnage nous fascinent parce qu’elles conjuguent trahison, manipulation et secrets d’État – intime et politique.
C’est avec gourmandise que l’on se plonge dans Red Team – Saison 2, la nouvelle production du processus prospectif initié il y a deux ans par les équipes de réflexion stratégique du ministère des Armées. Ce récit a rassemblé des experts de la défense, des universitaires, les auteurs de sciences-fictions et les futurologues. Issue des travaux de ce laboratoire académique ad hoc, la Saison 2 nous annonce un avenir particulièrement sombre et cataclysmique tout autant que les scénarios imaginés dans l’édition 1. Guerres, violences débridées, rien à attendre de positif du côté de la nature humaine.
La victoire du parti indépendantiste d’Oscar Temaru, lors des élections territoriales des 30 avril-1er mai 2023 en Polynésie française, met une fois de plus en valeur que revêt l’Indo-Pacifique pour la France, qui entend y demeurer une « puissance stabilisatrice », en dehors du conflit croissant entre les États-Unis et la République populaire de Chine. Cela démontre l’intérêt des différentes chroniques et articles qu’Hervé Couraye, résident au Japon depuis 2001, a réuni dans son ouvrage au sous-titre « Chroniques de Tokyo ». La France y est présente avec ses Départements ou Régions et Communautés d’outre-mer (DROM-COM), qui représentent une population totale de 1,65 million d’habitants. 93 % de la Zone économique exclusive (ZEE) française est située dans les océans Indien et Pacifique. Par ailleurs, on compte dans les pays de la zone environ 150 000 Français résidents, plus de 7 000 filiales d’entreprises implantées et 8 300 militaires en mission au sein de forces prépositionnées.
Ce livre nous replonge dans les plus belles pages de l’aventure aéronautique françaises. L’entreprise porte le nom de son fondateur : Louis Breguet. L’auteur de ce beau livre est historien de formation. Son nom : Emmanuel Breguet. C’est bien vers un descendant de l’industriel que l’éditeur a fait appel pour saluer cette ambition qui a produit certains des avions qui ont fait l’identité et l’histoire du pays.
À la lumière des récents événements ayant secoués la Russie le 25 juin 2022, la guerre en Ukraine semble encore demeurer une préoccupation principale des débats publics actuels, plus d’un an après le début de l’invasion russe. Cette rébellion du groupe Wagner contre Poutine, si inattendue pour certains, donne cependant raison aux auteurs de l’ouvrage Goodbye Poutine qui soulignaient déjà les failles d’un gouvernement fragilisé par une guerre qui le dépasse.
Jean Éric L., lieutenant gendarme dans la Garde républicaine, publie un recueil de son Opération extérieure (Opex), la 5e déjà, de son opération au sein de l’ONU, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).
Loin des stéréotypes véhiculés par les médias, les profils des terroristes ayant frappés notre pays sont variés du fait de leurs origines, leurs histoires et leurs croyances. Allant du délinquants multirécidivistes radicalisés en prison, aux universitaires inconnus des services de renseignements, ces acteurs viennent de divers milieux sociaux mais revendiquent une même cause : le « jihad contre la France » et les « mécréants ».
Reporter chez France Culture, le capitaine de réserve Raphaël Krafft est missionné en 2009 afin de créer une radio en Afghanistan. Il décide d’y tenir un recueil qui témoignera de son activité nouvelle au sein des forces armées déployées, comme lui, en Afghanistan. Ce récit teinté d’une fidélité à n’en pas douter, permet au lecteur de se plonger dans la nouvelle vie du journaliste.
Guerric Poncet est journaliste au journal Le Point depuis 2003, diplômé en politique internationale et en histoire, il est également auditeur de l’École de Guerre. Son dernier livre, La Mort Fantôme, est un récit qui aborde l’évolution de l’usage de l’assassinat comme arme politique et arme de guerre dans l’histoire récente.
Après une carrière brillante, rempli de succès et échecs, comme il le dit lui-même, le général Vincent Desportes aborde dans son nouveau livre, la méthode pour devenir un « Leader ». Du général de Gaulle à Mike Tyson, en passant par Bonaparte, ce livre riche en témoignages, permet une meilleure compréhension de ce qu’est être un leader. Mais qu’est-ce qu’un leader ? Cet anglicisme qui veut à la fois tout et, rien dire dans une époque où chacun peut se définir comme bon lui semble, doit nous mettre en garde sur la compréhension du terme.
Plongé dans l’ambiance pesante et lourde du désert de l’Azawad au nord du Mali, le colonel Dabas livre avec intensité la réalité du quotidien du Groupement tactique désert (GTD) « Ardent » dont il a la charge. Au cœur de l’opération Barkhane, sa mission est décisive pour la mise en échec du groupe terroriste djihadiste dominant le territoire. Lors des opérations militaires, des entrevues diplomatiques ou bien encore au cours des journées de repos sur les bases de campement, la menace d’une attaque et d’une mort imminente plane comme une ombre sombre sur les militaires. C’est dans ce contexte hostile que le colonel dépeint avec subtilité la face humaine des soldats, entre larmes et sourires, déceptions et accomplissements, ce sont surtout des hommes et des femmes héroïques ayant risqué leur vie qui sont mis à l’honneur dans cet ouvrage.
Les mémoires du dernier survivant français du D-Day nous imprègnent encore d’une émotion toute frémissante. Tout le monde a pu voir ces images du débarquement sur nos côtes normandes, mais le récit très concret vécu par le quartier-maître de 22 ans Léon Gautier qui pose les pieds sur la plage de Ouistreham le 6 juin 1944, ne peut nous laisser indifférents.
En ce début de siècle, nous vivons une profonde « crise du loisir » : alors que nous croulons sous le temps libre, nous sommes confrontés au redoutable défi de gérer cette liberté à l’âge numérique… sans y avoir été préparés. Le résultat ? D’abord, un asservissement sans précédent des loisirs à leur forme la plus pauvre, c’est-à-dire au divertissement, dont l’horizon principal est la satisfaction immédiate des désirs. Mais, surtout, le temps libre est devenu le nouveau creuset des inégalités sociales, tant il est vrai que nous sommes entrés dans une ère de la compétition cognitive, où la différence se crée précisément dans la manière d’utiliser son temps libre. Telle est la thèse de l’auteur, qu’il s’emploie à démontrer au fil de huit chapitres bien charpentés.
Aujourd’hui, on parle de plus en plus de troisième guerre mondiale. Les uns considèrent qu’elle a déjà commencé, les autres redoutent que nous y plongions si les alliés de l’Ukraine franchissent de nouvelles lignes rouges en lui livrant des avions de chasse en grand nombre, ainsi que des missiles à longue portée type ATAMC. On oublie que le pape François avait évoqué la « guerre mondiale en morceaux », dès 2019. Le Président Macron a évoqué, bien avant la pandémie – et il ne fut ni le premier ni le seul, dans les années 1930, avec la recrudescence des nationalismes –, la xénophobie, la montée des régimes autoritaires, les flambées populistes, le rejet des élites mondialisées.
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