Semaine 52/2021 : L'armée chinoise franchit le 38e parallèle en Corée le 28 décembre 1952

Avec l’invasion de la Corée du Sud le 25 juin 1950, les États-Unis se retrouvent confrontés à une nouvelle guerre, dans le contexte de la guerre froide et l’affrontement idéologique entre deux camps : l’Occident se proclamant le « Monde libre » et le bloc soviétique animé par une approche idéologique fondée sur le marxisme-léninisme. La toute jeune République populaire de Chine, dirigée par Mao et soutenue par l’URSS de Staline, a d’emblée soutenu les forces nord-coréennes, avant de s’engager directement dans le conflit. Les États-Unis, bien qu’ayant reçu un mandat de l’ONU via la Résolution 82, se trouvent bousculés militairement, malgré l’énergie et la volonté d’en découdre du commandant en chef sur le théâtre coréen, le général Douglas MacArthur (1880-1964). Celui-ci envisage même l’emploi de l’arme nucléaire à des fins tactiques, avant d’être relevé de son commandement par le président Harry Truman. Le professeur Joseph-Augustin Léger (1874-1968) revient dans cette chronique sur les premiers enseignements tirés de la guerre de Corée avec de très nombreux retours d’expérience et d’analyses sur l’emploi des forces, le nouveau contexte géopolitique provoqué par la guerre froide et sur le rôle et la place des États-Unis dans le monde. Autant d’éléments particulièrement dimensionnant pour la défense non seulement de l’Europe de l’Ouest mais aussi pour la France qui était alors engagée dans la guerre d’Indochine et qui était passée d’un conflit de décolonisation à un conflit s’inscrivant dans la lutte contre le bloc communiste. Malgré cette nouvelle dimension, cela n’empêcha pas défaite de la France à la suite de la chute de Dien Bien Phu, tandis que la guerre de Corée s’achève par un cessez-le-feu le 27 juin 1953 à Panmunjeon, sans pour autant que le conflit ne soit réglé par un accord de paix.
 

Pour en savoir plus :
Kersaudy François : MacArthur, l’enfant terrible de l’US Army, Perrin, 2014, 400 pages
Stoler A. Mark : George Marshall, soldat-homme d’État du siècle américain, 2021, 334 pages

Semaine 51/2021 : Le général de Gaulle élu président de la République le 21 décembre 1958

Le 21 décembre 1958, le général de Gaulle était élu président de la République par un collège de 81 764 grands électeurs dont il réunissait 78,5 % des suffrages. La Ve République s’incarnait désormais autour de la figure du président dont l’autorité primait sur le Parlement, contrairement à la IVe République qui avait démontré par son instabilité gouvernementale la fragilité de sa nature et son incapacité à résoudre la crise algérienne. En novembre 1990, la RDN avait sollicité plusieurs personnalités pour réfléchir à « de Gaulle, vingt ans après », alors même que l’Europe était en pleine recomposition suite à l’effondrement du mur de Berlin. De nouveaux horizons s’ouvraient alors sans bien même que les gouvernants du Vieux Continent sachent très bien ce qu’il allait devenir de l’URSS. Pierre Messmer (1916-2007), Compagnon historique, dont le parcours l’avait amené de Bir Hakeim à Matignon, en passant notamment par l’Hôtel de Brienne où il fut ministre des armées de 1960 à 1969, était le mieux placé pour confronter ce qui aurait été la pensée du Général à cette période marquant en quelque sorte une conclusion au naufrage de l’Europe engagé en 1939. En soulignant avec conviction que la Nation restait au cœur et qu’il fallait à la fois préserver sa souveraineté et construire une paix durable en ayant une stratégie claire et en se donnant les moyens de celle-ci.

 

Pour en savoir plus:
Messmer Pierre, en collaboration avec le professeur Alain Larcan : Les écrits militaires de Charles de Gaulle, essai d’analyse thématique, Puf, 1985, 592 pages
Turpin Frédéric : Pierre Messmer, le dernier gaulliste, Perrin, 2020, 444 pages.

Semaine 50/2021 : Charte du droit de l'Espace, le 13 décembre 1963

Le 13 décembre 1963, la résolution 1962 de l’assemblée générale de l’ONU portait sur un début de réglementation de l’usage de l’Espace, alors même que l’URSS et les États-Unis étaient en compétition pour la conquête d’un nouvel horizon. Si les Soviétiques étaient alors en tête avec la réussite du lancement de Spoutnik en 1957 puis celle du premier cosmonaute en avril 1961, les Américains s’organisaient pour conquérir la Lune avant 1970 comme l’avait décidé John F. Kennedy. L’usage militaire de l’Espace n’était pas absent des intentions des deux puissances sans pour autant que cette période de découvertes soit réellement porteuse d’applications liées à la défense. Les technologies n’étaient pas encore assez matures, hormis le recours à des pilotes militaires pour former les premiers cosmonautes et astronautes. Pour la France, l’aventure spatiale en était à ses balbutiements avec la création en décembre 1961 du Centre national d’études spatiales (Cnes) décidé par le général de Gaulle afin de doter le pays de futures capacités dans ce domaine. Ainsi, avec la mise en orbite le 26 novembre 1965 du premier satellite Astérix au moyen d’une fusée Diamant A, la France devenait la 3e puissance spatiale. Le Cnes a pu également s’appuyer sur les développements alors en cours des futurs missiles balistiques destinés à la dissuasion et qui allaient équiper les silos du plateau d’Albion et le premier SNLE, Le Redoutable, dont la construction allait débuter en 1964.

 

Pour en savoir plus :
Huwart Olivier : Du V2 à Véronique, la naissance des fusées françaises, Marines éditions, 2004, 189 pages.
Varnoteaux Philippe : L’aventure spatiale française, de 1945 à la naissance d’Ariane, Nouveau Monde Éditions, 2015, 432 pages

Semaine 49/2021 : Déclaration universelle des droits de l'homme, le 10 décembre 1948

En octobre 1987, la RDN s’interrogeait sur les droits de l’homme comme élément indispensable des relations internationales, avec le constat lucide que ces droits étaient peu respectés. Certes, la Déclaration universelle des Droits de l’homme signée le 10 décembre 1948, semblait engager l’Humanité sur une voie prometteuse et vertueuse, tirant les conclusions des monstruosités de la Seconde Guerre mondiale. Cette espérance, fortement portée notamment par René Cassin (1887-1976) – le juriste de la France libre, Compagnon de la Libération et futur Prix Nobel de la Paix –, marquait un long cheminement issu du Siècle des Lumières et des deux Déclarations américaines et françaises de 1787 et 1789 consolidant la notion de Citoyen avec ses droits et ses devoirs. Cependant, il fallut attendre 1948 pour que la notion de Droits de l’homme prenne une dimension universelle, sans pour autant que celle-ci ne devienne contraignante pour les États, d’autant plus que certains arguent de leur souveraineté et refusent toute tentative d’ingérence dans leurs affaires intérieures. Un quart de siècle après cette analyse, le constat reste hélas identique avec des avancées réelles dans des pays et des reculs hélas dans d’autres régions du globe.

 

Pour en savoir plus :
Agi Marc : René Cassin : Prix nobel de la paix (1887-1976) : père de la déclaration universelle des droits de l’homme, Perrin, 1998, 378 pages
Biad Abdelwahab et Tavernier Paul (dir), Le droit international humanitaire face aux défis du XXIe siècle, Bruxelles, Bruylant, 2012, 325 pages

Semaine 48/2021 : Naissance du baron Tupinier, ingénieur de Marine et homme politique, le 2 décembre 1779

Le 2 décembre 1850, le Baron Tupinier, Pair de France, décédait à Paris après une longue carrière consacrée à la Marine, à l’industrie navale et à la politique. Né le 18 décembre 1779 à Tournus, au cœur de la Bourgogne, il intégra la toute jeune école Polytechnique et devint ingénieur de Marine, bien que n’étant pas issu du monde maritime. Son parcours exceptionnel lui a permis de participer à la transformation de la Marine – même si l’outil naval ne fut pas central dans la stratégie de Napoléon, en particulier après la défaite de Trafalgar –, à partir des années 1820 avec l’amorce de la révolution industrielle. Il s’intéressa aussi bien aux travaux maritimes qu’à la conception des navires. Constatant le retard pris sur l’usage de la machine à vapeur par rapport aux Britanniques, il décida en 1829 de transformer la fonderie d’Indret créée en 1777 en établissement pilote pour la construction des chaudières. Et de fait, Indret, non loin de Nantes, poursuit toujours dans ce domaine, intégré à Naval Group. L’établissement d’Indret fournit en effet les centrales nucléaires des Sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), des Sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) et demain celles du futur Porte-avions de nouvelle génération (PANG). Le Baron Tupinier, de par ses qualités professionnelles et son exemplarité, sut traverser les différents régimes – Empire, Restauration, Monarchie de Juillet –, reconnu à chaque fois comme indispensable pour le développement de la Marine.
 

Pour en savoir plus :
Mémoires du Baron Tupinier (1779-1850), Éditions Desjonqueres, 1994, 330 pages
Monaque Rémi : Une histoire de la marine de guerre française, Perrin, 2016, 528 pages.

Semaine 47/2021 : Indépendance du Liban, le 22 novembre 1943

Semaine 46/2021 : Naissance du général Ferrié, créateur de la Radiotélégraphie militaire, le 19 novembre 1868

En novembre 1968, la RDN célébrait le centenaire du général Gustave Ferrié (1868-1932), père de la Télégraphie sans fil (TSF) militaire, pionnier de la radio. Polytechnicien, il choisit l’arme du Génie et va très vite s’intéresser au développement de la télégraphie électrique et en devenir un des meilleurs experts. Militaire, scientifique et ingénieur, il a été un exemple remarquable du Savant, dévoué à la science et à la France. Son parcours a été exceptionnel, sachant allier le pragmatisme de l’ingénieur aux besoins tactiques du militaire. Il fit du Mont Valérien, le creuset de la TSF militaire, puis à partir de son laboratoire, il développa des instruments et des techniques permettant d’accroître la portée des émetteurs radio. Il eut l’idée d’utiliser la Tour Eiffel comme support d’antenne, sauvant celle-ci de la démolition initialement prévue. Durant la première guerre mondiale, il permit l’accroissement de l’usage de la radio, faisant de la France la première puissance dans ce domaine. À l’issue du conflit, il poursuivit ses travaux notamment dans la normalisation des normes et la communauté scientifique internationale lui fut reconnaissante de son engagement. Il participa aussi au développement de la radio à des fins civiles avec les premières stations de radiodiffusion au profit du public. Sa disparition prématurée à l’âge de 64 ans fit que la France ne sut pas conserver l’avance qu’elle avait dans le domaine des télécommunications, retard qui contribua à la défaite de mai-juin 1940 et qui fut une des leçons amenant à la création de l’arme des Transmissions par un décret du 4 mai 1942.

 

Pour en savoir plus :
Amoudry Michel : Le Général Ferrié et la naissance des transmissions et de la radiodiffusion, Presses universitaires de Grenoble, 1993, 424 pages.

Semaine 45/2021 : 1er vol du Sikorsky H-19, le 10 novembre 1949

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, le développement de l’hélicoptère devient une priorité notamment aux États-Unis avec les premiers appareils modernes comme le Bell 47 toujours en service plus de 70 ans après son premier vol et les engins conçus par Igor Sikorsky (1889-1972), d’origine russe et qui s’installa aux États-Unis en 1919. Le 19 novembre 1949, il fait volet le prototype du H-19, doté d’un moteur à piston situé à l’avant de la carlingue et capable de transporter jusqu’à 12 passagers. Cet appareil va de fait révolutionner le concept et trouver très vite des applications militaires. Il est ainsi construit sous licence par la société française SNCASE (devenue depuis Aérospatiale et aujourd’hui intégrée dans le groupe Airbus). L’Aviation légère de l’Armée de terre (Alat) va engager ses H-19 en Algérie et développer une véritable doctrine de l’aérocombat, faisant office de pionnière en la matière. Les Américains utiliseront d’ailleurs les concepts français de l’emploi tactique des appareils à voilure tournante durant la guerre du Vietnam. Le succès fourni par le H 19 a accéléré les programmes français qui vont se concrétiser par la famille des Alouette. Le texte présenté ici est d’autant plus intéressant qu’il avait été écrit par le Général de Linarès (1897-1955), juste avant sa mort prématurée en service. Héros des deux guerres mondiales, il revenait d’Indochine et avait pu constater l’apport des premiers hélicoptères durant ce conflit et tout le potentiel que ce type d’engin proposait.

 

Pour en savoir plus :
Flament Marc : les hélicos du Djebel, Algérie, 1955-1962, Presses de la Cité, 2005 (1987), 287 pages
Le Bec Yves : La véritable histoire de la Banane, UNA-ALAT, 2020, 128 pages

Semaine 44/2021 : Poignée de mains historique entre les présidents chinois et taïwanais, le 7 novembre 2015

Le 7 novembre 2015, le président taïwanais, Ma Ying-jon (élu de 2008 à 2016) rencontrait à Singapour son homologue chinois Xi Jinping, président depuis mars 2013. Cette poignée de mains historique était la première depuis 1949, quand les vaincus de la guerre civile chinoise se réfugièrent sur l’île de Formose, séparée du continent par à peine 200 km de mer. À l’époque, l’Armée populaire de libération, dirigée par Mao avec une main de fer, comprenait certes environ 3 200 000 hommes mais ne disposait pas d’une marine capable d’une opération amphibie contre l’île rebelle. En 1954, alors que la France évacue l’Indochine après la défaite de Dien Bien Phu, Formose – depuis appelée Taïwan – constitue un point de fixation de la guerre froide, les troupes de Tchang Kaï-chek (1887-1975) bénéficiant alors de l’aide américaine depuis la Guerre de Corée.

Six ans après le Sommet de Singapour, non seulement, la relation entre Pékin et Taipei s’est dégradée, mais le risque de conflit apparaît de plus en plus élevé, d’autant plus que Pékin ne cesse de développer sa marine avec désormais de vraies capacités de projection pour s’emparer de l’île. Les ambitions de Pékin visant à une réunification sont clairement affichées et constituent une menace prise très au sérieux par Washington, dont l’alliance AUKUS avec l’Australie et le Royaume-Uni traduit la volonté de faire barrage à l’expansionnisme chinois. Plus de 70 ans après la défaite de Tchang Kaï-chek l’obligeant à quitter la Chine continentale, Taïwan revient au centre de l’échiquier que constitue la zone Indo-Pacifique.

 

Pour en savoir plus :
Niquet Valérie : La puissance chinoise en 100 questions, Tallandier, 2017, 272 pages
Cabestan Jean-Pierre : Demain la Chine, guerre ou paix ?, Gallimard 2021, 288 pages
Bondaz Antoine : Taïwan, une puissance diplomatique à part entière, FRS, mars 2021, 17 pages (https://www.frstrategie.org/)

Semaine 43/2021 : Bazaine capitule à Metz le 28 octobre 1870

Le 28 octobre 1870, le maréchal François Achille Bazaine capitule à Metz et livre ses troupes et leurs armements à l’ennemi prussien. Nommé commandant en chef de l’armée du Rhin le 12 août, il se replie dès le 16 août sur la garnison de Metz, privant Napoléon III des unités qui auraient pu reprendre le combat. Bazaine est né en 1811 à Versailles. Ayant échoué au concours de Polytechnique, il s’engage comme soldat en 1831 et accède à l’épaulette en 1833. Il participe aux grandes expéditions du Second Empire, notamment au Mexique. Sa capitulation est considérée comme une trahison et il est traduit en 1873 devant un conseil de guerre qui le condamne à mort avant de demander sa grâce. Il s’évade en 1874 pour l’Espagne où il achève sa vie à Madrid en 1888. La défaite de 1870, outre la proclamation de la IIIe République, va entraîner une refonte complète de l’organisation militaire française, tirant les leçons de l’échec. Une des grandes réformes sera la création de l’École de Guerre à l’École militaire à Paris pour former les officiers à la conduite de la guerre, après une première partie de carrière dans la troupe.
 

Pour en savoir plus :
Bourguinat Nicolas et Vogt Gilles : La guerre franco-allemande de 1870, une histoire globale. Flammarion, 2020, 512 pages
Gouttman Alain : La grande défaite, 1870-1871, Perrin, 2020, 512 pages

Semaine 42/2021 : Protocole de Paris établissant l'UEO le 23 octobre 1954

Dès 1947 avec la guerre froide divisant l’Europe avec un rideau de fer, selon l’expression de Winston Churchill prononcée en 1948, la question de la défense de l’Europe occidentale s’est posée. Si très vite l’Otan a apporté une première réponse, les États vainqueurs du conflit, dont la France et le Royaume-Uni s’efforcèrent de mettre en place des structures politiques confortant leur défense. Cela signifiait également aborder la question ultrasensible du réarmement de la toute jeune République fédérale d’Allemagne (RFA), alors même que les braises de la guerre n’étaient pas encore éteintes. L’échec de la Communauté européenne de défense (CED), dû au refus français, allait amener la création de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) dont il faut bien reconnaître que dès sa conception, elle n’avait guère de substance par rapport à l’Otan où les États-Unis régnaient en maîtres. Les différentes relances, en particulier sous François Mitterrand, après la chute du Mur, n’ont jamais réussi à donner corps à cette UEO, tandis que l’Europe focalisait ses efforts davantage sur l’approche économique avec la CECA puis la CEE et aujourd’hui l’UE.

 

Pour en savoir plus :
Knaiv (de) Nathalie et Bellouard Patrick (dir.), Eurodéfense-France : Souveraineté et solidarité, un défi européen. (préface d’Emmanuel Macron, postface de Josep Borrell), Éditions du Cerf, 2021, 248 pages.

Semaine 41/2021 : Naissance de Thomas-Robert Bugeaud, futur maréchal, le 14 octobre 1784

Le 14 octobre 1784 naissait Thomas Robert Bugeaud à Limoges. Il s’engage à 20 ans dans les armées napoléoniennes et participe comme caporal à la bataille d’Austerlitz. Officier, il est de toutes les campagnes napoléoniennes et est licencié à la Seconde Restauration en raison de son soutien à l’Empereur. Dans l’opposition aux Bourbons, il se réfugie en Dordogne et est maire d’Excideuil de 1825 à 1830. Il s’y consacre notamment aux affaires agricoles en vue d’améliorer la productivité. Il sera par la suite élu député d’Excideuil. Rallié à Louis-Philippe, il est envoyé en Algérie en 1836 pour écraser la révolte d’Abd-el Kader. Il manifeste son opposition à la colonisation de peuplement en privilégiant un contrôle militaire et un développement économique indigène. Il est nommé Gouverneur d’Algérie en 1841. En 1847, il est remplacé par le Duc d’Aumale, fils du Roi Louis-Philippe. Lors de la Révolution de 1848, il prend parti en faveur de Louis-Napoléon Bonaparte, candidat à la présidence de la République. Il meurt le 10 juin 1849 du choléra. Enterré aux Invalides, il a donné son nom à une promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, la « Maréchal Bugeaud 1958-1960 ». Les récentes polémiques autour du Maréchal Bugeaud ne doivent pas occulter la réalité de son parcours notamment en Algérie où il pensait, après une soumission violente des tribus, développer l’agriculture. Il y créa notamment les bureaux des affaires arabes pour que l’administration militaire prenne en considération les besoins des populations locales.

 

Pour en savoir plus :
Bois Jean-Pierre : Bugeaud, Fayard, 1997, 650 pages

Semaine 40/2021 : Débarquement de Salonique le 5 octobre 1915

Semaine 39/2021 : Retour en URSS pour Nikita Khrouchtchev après 10 jours aux États-Unis, le 27 septembre 1959

Semaine 38/2021 : Confirmation officielle que c’est la DGSE qui a coulé le Raimbow Warrior de Greenpeace, le 22 septembre 1985

Le 22 septembre 1995, le premier ministre Laurent Fabius reconnaissait officiellement l’implication de la France dans la destruction du navire Rainbow Warrior de l’ONG Greenpeace, alors au mouillage en Nouvelle-Zélande. Le naufrage du bateau entraîna la mort d’un photographe de l’ONG et un scandale international retentissant. Il s’agissait alors pour Paris d’entraver les actions de Greenpeace contre la base de Mururoa qui abritait les essais nucléaires indispensables pour maintenir à niveau notre force de dissuasion. Après des dénégations, il fallut admettre le rôle central de la DGSE sur cette opération montée trop rapidement et ne prenant pas en compte la réalité néo-zélandaise. Les conséquences politiques furent désastreuses amenant Charles Hernu, l’emblématique ministre de la Défense de François Mitterrand à démissionner, ainsi que l’amiral Lacoste, patron de la DGSE. Il fallut plusieurs années à cette direction pour remonter la pente et retrouver la confiance du pouvoir politique français qui a trop longtemps vu les services secrets comme un repère de barbouzes et non un outil efficace et performant, agissant dans le secret ou la clandestinité.

 

Pour en savoir plus :
Prieur Dominique : Agent secrète, Fayard, 1995, 264 pages

Semaine 37/2021 : Élection d’Ahmed Ben Bella à la présidence de la République algérienne, le 15 septembre 1963

Malgré l’euphorie de l’indépendance proclamée le 5 juillet 1962, très vite l’Algérie va éprouver de grandes difficultés à se gérer, malgré la richesse fournie par les hydrocarbures. Le 15 septembre 1963, Ahmed Ben Bella (1916-2012), ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, médaillé militaire et titulaire de 4 citations, un des neuf chefs historiques du Front de libération nationale (FLN), a été élu président de la République. Il est renversé en 19 juin 1965 par le colonel Houari Boumediene et après avoir été emprisonné puis assigné à résidence, partagera sa vie entre l’exil et le retour au pays en 1990. Cet article de 1964 soulignait les nombreux problèmes que traversait alors l’Algérie, problèmes qui pour certains demeurent une réalité et traduisant les défaillances d’un État à définir une politique de développement réaliste et s’appuyant sur la diversité de ses ressources. Le problème algérien demeure entier et le pays a connu de nombreuses crises dont celle des années 1990 avec une guerre civile liée à l’islamisation, alors que les fondements du FLN et la période Boumedienne s’appuyaient davantage sur le nationalisme arabe et un non-alignement soutenu par l’URSS.

 

Pour en savoir plus :

Belkaïd Akram : L’Algérie, un pays empêché, en 100 questions, Tallandier 2020, 336 pages

Semaine 36/2021 : Décès de Mao Tsé Toung, à Pékin, le 9 septembre 1976

Le 9 septembre 1976, Mao décédait à l’âge de 83 ans, laissant la Chine orpheline de son dictateur se revendiquant de l’héritage marxiste-léniniste. La gloire de Mao reposait sur son long parcours l’ayant amené à conquérir le pouvoir et à fonder en 1949 la République populaire de Chine, dans lequel tout citoyen se devait d’être un soldat-ouvrier ou un soldat-paysan. Appuyé par l’URSS dans un premier temps, Mao conçut l’outil militaire chinois comme une armée de masse, rustique et totalement contrôlée par le Parti communiste. Équipée d’armements essentiellement d’origine soviétique, l’Armée populaire de libération (APL) fondait sa force sur ses effectifs quasiment illimités à défaut d’être performante. C’est ainsi que le dernier engagement militaire eut lieu contre le Vietnam en 1979 et se solda par l’absence de victoire pour Pékin, le Vietminh étant beaucoup plus aguerri que son homologue chinois. De fait, la guerre du Golfe en 1991, avec la défaite de l’armée irakienne basée sur le modèle soviétique, amena Pékin à revoir complètement sa doctrine militaire en privilégiant désormais la technologie au lieu de l’effet de masse d’une troupe mal équipée.

 

Pour en savoir plus :
Niquet Valérie : La puissance chinoise en 100 questions, Tallandier, 2017, 272 pages
Cabestan Jean-Pierre : Demain la Chine : guerre ou paix ?, Gallimard, 2021, 288 pages

Semaine 35/2021 : Présentation d’un plan de paix pour le Proche-Orient par le président Reagan, le 1er septembre 1982

Le 1er septembre 1983, le président Ronald Reagan présentait son plan de paix pour le Levant en vue d’essayer de « concilier les inquiétudes légitimes de Jérusalem et les droits légitimes des Palestiniens ». Ce projet était destiné à alimenter les discussions du 12e sommet arabe qui allait se tenir à Fès, au Maroc du 6 au 9 septembre. De fait, la situation resta bloquée en raison des antagonismes trop forts entre tous les acteurs de la région. Le général Pierre Rondot (1904-2000), éminent spécialiste de la région, propose ici une analyse des difficultés politiques des États-Unis dans cette partie si complexe du monde. Si les conditions ont aujourd’hui évolué, il n’en demeure pas moins que certains obstacles soulevés dans cet article demeurent hélas vivaces comme la question des colonies israéliennes en Cisjordanie et les fractures politiques du Liban qui, en 2021, font de ce pays si particulier un État totalement failli. Il ressort aussi des réflexions de l’auteur, le besoin de comprendre combien le temps reste un facteur déterminant, en contradiction avec le rythme quadriennal de l’élection américaine. Les difficultés d’hier restent d’actualité.

 

Pour en savoir plus :
Reagan Ronald : Une vie américaine : mémoires, Jean-Claude Lattès, 1990, 790 pages.
Baron Xavier : Le Liban en 100 questions, une exception menacée, Tallandier 2020, 384 pages

Semaine 34/2021 : Proclamation de l’indépendance de la Moldavie à l’URSS, le 27 août 1991

En août 1991, la Moldavie obtenait son indépendance face à Moscou alors que l’URSS était en voie de décomposition. Trente ans après, il est essentiel de revenir en arrière et de comparer les évaluations géopolitiques de l’époque par rapport à la situation actuelle pour mieux comprendre les tensions actuelles entre Moscou et les pays occidentaux. La Moldavie se retrouve aujourd’hui enclavée, hors de l’Union européenne, voisine d’une Ukraine en conflit ouvert avec la Russie, tandis que la question des minorités reste une réalité dans ces anciennes marges de l’URSS. La Biélorussie apparaît de plus en plus comme un nouvel État satellite de Moscou et le rattachement de la Crimée semble totalement irréversible malgré les déclarations ukrainiennes. Il en ressort le besoin de retrouver une véritable expertise autour de la Russie, comme au temps des Soviétologues. De par son immensité et ses enjeux stratégiques, Moscou ne peut plus être considéré comme un acteur en déclin sur la scène internationale. L’ère Poutine a démontré le contraire et il est donc nécessaire de développer une nouvelle approche stratégique sur la place et le rôle de cet État-continent.

 

Pour en savoir plus :
Romer Jean-Christophe : Russie-Europe, des malentendus paneuropéens. L’inventaire, 2015, 108 pages.
Tinguy (de) Anne et Facon Isabelle : Moscou et le monde, Éditions Autrement, 2008, 224 pages.

Semaine 33/2021 : Naissance de l’empereur François-Joseph Ier d’Autriche, le 18 août 1830

Le 18 août 1830 naissait François-Joseph, héritier de la dynastie des Habsbourg et qui allait régner de 1848 à 1916 sur un empire aujourd’hui disparu mais qui fut essentiel dans la construction-déconstruction de l’Europe. Son très long règne a traversé le siècle des nationalismes avec une tentative qui sera vouée à l’échec de fédérer des peuples et des nations trop différents pour réellement vouloir vivre ensemble. Le très grand intérêt du texte présenté ici est également lié à la personnalité de son auteur, André Dubosq (1876-1949) qui fut un journaliste et un véritable expert des relations internationales. Ainsi, il fut envoyé en mission en Europe centrale par Raymond Poincaré et fut correspondant du grand quotidien de référence de la IIIe République, Le Temps. André Dubosq travailla dès sa création au journal Le Monde apportant une expérience unique sur les relations internationales. Sur son séjour dans l’empire austro-hongrois, il rappelle combien l’empereur François-Joseph avait su obtenir la sympathie des Hongrois, ne ménageant pas ses efforts pour maintenir une unité fragile. À l’inverse, son neveu et héritier François-Ferdinand était resté distant du peuple magyar, plus à l’aise dans un environnement germanique que danubien. Son assassinat le 28 juin 1914 à Sarajevo par un nationaliste serbe entraîna l’Europe dans la Première Guerre mondiale. François-Joseph fut un des souverains ayant le plus longtemps été sur le trône sans pour autant avoir su réellement peser sur les événements. Son mariage avec Elizabeth de Wittelsbach (1837-1898), l’impératrice Sissi, fut un événement important, celle-ci ayant éprouvé une très grande sympathie pour les Hongrois et contribuant au maintien du lien entre Vienne et Budapest. Il est intéressant avec le recul de l’histoire de voir combien la question hongroise reste posée au sein de l’Europe danubienne et que certaines difficultés politiques d’aujourd’hui comme les relations compliquées entre Bruxelles et le gouvernement hongrois prennent racines dans cette mosaïque de peuples, de langues et de cultures.

 

Pour en savoir plus :
Bled Jean-Paul : François-Joseph, Perrin, 2011, 864 pages.
Clark Christopher : Les somnambules. Été 1914 : comment l'Europe a marché vers la guerre, Flammarion, 2015, 928 pages

Semaine 32/2021 : Jacques Cartier baptise le Saint-Laurent, le 9 août 1535

Jacques Cartier, le marin malouin né à Saint-Malo en 1491 et décédé dans cette ville port en 1557, fut le découvreur du Canada qu’il appela ainsi en utilisant un vocable iroquois désignant un village. De cette aventure, le Québec constitua une partie francophone importante de l’Amérique du Nord. Même si la France perdit la souveraineté sur ces terres lointaines à l’occasion de la Guerre de Sept ans et du Traité de Paris de 1763, le peuplement français et donc la culture francophone surent se maintenir au sein d’un environnement devenu anglophone. Bien que sujets de Sa Majesté britannique, les Canadiens tant Français qu’Anglais furent nombreux à participer aux deux guerres mondiales sous le commandement allié et participèrent à la libération de l’Europe en 1945. Cette dimension francophone fut rappelée à l’occasion du voyage historique du général de Gaulle au Canada et où il prononça, le 24 juillet 1967, cette célèbre phrase : « Vive le Québec libre », entraînant une crise diplomatique – relative cependant – avec Ottawa. Cela souligne aussi l’oubli fréquent par le monde culturel germanopratin que la francophonie est aussi une réalité hors de France, le Canada en étant un acteur important et trop souvent limité au monde de la chanson avec Garou ou Céline Dion. Il y a donc un vrai potentiel à valoriser et une fierté à rappeler l’importance des marins notamment bretons qui surent parcourir des terres lointaines froides en hiver mais riches d’une nature foisonnante et qui eurent le mérite – trop oublié – d’établir de bonnes relations avec les populations autochtones.

 

Pour en savoir plus :
Braudel Fernand et Mollat du Jourdin Michel : Le Monde de Jacques Cartier : l’aventure au XVIe siècle, Berger Levrault, 1995.
Taillemite Étienne : Dictionnaire des Marins français, Tallandier, 2002, 576 pages.

Semaine 31/2021 : Invasion du Koweït par les troupes irakiennes, le 2 août 1990

Début août 1990, dans la torpeur de l’été, Saddam Hussein, le potentat irakien sûr de lui, décidait d’envahir et d’annexer le Koweït voisin sous d’obscures revendications territoriales et de remboursement de dettes suite à l’interminable conflit entre l’Irak et l’Iran. Si la plupart des nations condamnèrent ce coup de force, les réactions militaires furent assez longues à se mettre en place. Pour la France, l’envoi du porte-avions Clemenceau affrété en tant que porte-hélicoptères avec des camions sur le pont d’envol eut un effet contre-productif en termes d’image, mettant à mal la crédibilité de la réponse de Paris. Tout au long de l’automne, les tractations diplomatiques se succédèrent, en vain. Washington et ses alliés, bien que débarrassés du fardeau stratégique de la guerre froide avec l’effacement de l’URSS en tant que puissance stratégique, voulaient être sûrs de leur dispositif militaire tant l’armée irakienne faisait peur au reste du Monde. Il s’agissait d’accumuler une masse armée importante pour être sûr que le rapport de force ainsi imposé permettrait de l’emporter sans trop de pertes. La guerre du Golfe allait ainsi être le premier conflit de haute intensité post-guerre froide, riche d’enseignements, qui révéla les lacunes des forces françaises dans plusieurs domaines comme le renseignement, la logistique et le combat interarmées.

Semaine 30/2021 : Entrée en vigueur de la PAC, le 30 juillet 1962

Un des volets essentiels de la construction européenne a été la mise en place d’une Politique agricole commune (PAC), à partir de 1962. La PAC a été essentielle, dans un premier temps, pour moderniser l’agriculture des premiers États-membres, en permettant une amélioration de la productivité et donc une évolution positive des conditions de vie des paysans et du monde rural. Cet essor a été particulièrement profitable pour la France, qui a pu ainsi conforter son agriculture. Toutefois, l’élargissement de l’Europe et la compétition internationale ont mis à mal la PAC dans sa forme originelle, obligeant à des réformes régulières et à une remise en cause de certains avantages, en particulier pour la France. Aujourd’hui, à la pression productiviste se rajoute la préoccupation environnementale avec une opinion publique pratiquant l’« agribashing » sans avoir réellement connaissance de la réalité et de la dureté du travail des paysans.

Semaine 29/2021 : Louis Blériot traverse la Manche, le 25 juillet 1909

Le 25 juillet 1909, Louis Blériot (1872-1936), sur un avion conçu par lui-même et Raymond Saulnier, réalisait l’exploit de traverser la Manche en 37 minutes, ralliant Douvres depuis Calais. Ce vol historique faisait de la France la pionnière avec les États-Unis du développement de l’aviation. En 1955, le Salon du Bourget était l’occasion de faire le point sur l’industrie aéronautique française, salon qui se tenait depuis 1953 sur l’aérodrome, permettant ainsi des démonstrations en vol que ne permettait pas le Grand Palais qui avait hébergé cette manifestation avant-guerre. Et si la France avait défriché le champ aéronautique avant la première guerre mondiale, elle avait perdu le leadership dès 1927 au profit des Britanniques, des Allemands et des Américains. La Seconde Guerre mondiale ne fit qu’accentuer le déclin avant d’entreprendre la reconstruction complète du secteur au début des années 1950 et rattraper le retard technologique tant dans les cellules que dans la propulsion. 1955 voit le début de sortie de crise avec la maturation de nombreux projets dont les Mirage, la Caravelle ou encore les hélicoptères de la famille Alouette. L’autre intérêt de ce texte réside dans ses illustrations avec des dessins de prototypes en cours de développement et qui paradoxalement seront abandonnés quelques années plus tard au profit des Mirage construit par Dassault. Le bombardier Vautour n’aura pas de descendance après son retrait du service en 1978, tandis que le chasseur Trident ne dépassa le stade des essais en vol où malgré sa vitesse, son comportement était difficile à maîtriser. 1955 a cependant été l’édition qui a vu la renaissance des ailes françaises.

 

Pour en savoir plus :
Carlier Claude : Dassault, de Marcel à Serge. Cent ans d’une étonnante aventure humaine, industrielle et politique ; Perrin, 2017, 464 pages
Lespinois (de) Jérôme (dir.) : Anthologie mondiale de la stratégie aérienne, CESA-La Documentation française, 2020, 899 pages

Semaine 28/2021 : Coup d'État grec à Chypre, le 15 juillet 1974

Chypre est un cas géopolitique complexe en pleine Méditerranée orientale. Colonie britannique jusqu’en 1960, elle est ensuite sous une forme de double tutelle entre Athènes, avec alors 81 % de la population chypriote d’origine grecque et Ankara, pour le restant. Ce bi-communautarisme était assez similaire à celui pratiqué au Liban et dont on a vu les soubresauts depuis la guerre civile de 1975. En 1974, le régime des Colonels voulut renverser Monseigneur Makarios, alors chef de l’État. Cela entraîna une réaction immédiate de la part de la Turquie qui envoya des troupes occuper une partie de l’île, qui aujourd’hui encore est coupée en deux par la Ligne verte. Le paradoxe de la tentative menée par les Colonels grecs fut leur chute peu après et le retour de la Grèce au sein des démocraties, ce qui lui valut son intégration accélérée au sein de la Communauté économique européenne (CEE), le 1er janvier 1981, devenue depuis UE. À l’inverse, la situation chypriote reste figée en raison de la position turque, se refusant à tout compromis. L’attitude d’Erdogan s’est d’ailleurs rigidifiée, cherchant à imposer un rapport de force y compris militaire dans cette région. Il est donc vraisemblable que la partition de l’île dure encore longtemps près d’un demi-siècle après le coup de force de 1974.

 

Pour en savoir plus :
Devret Jean-François : Chypre, entre l’Europe et la Turquie, Éditions Karthala, 2011, 256 pages
Nemrod et SPDS : « Les enjeux de sécurité en Méditerranée orientale », Cahiers de la RDN (à paraître, 20 juillet 2021), 112 pages