La révolution de Gorbatchev constitue « un bloc ». On ne peut comprendre l’esprit des réformes sans une analyse d’ensemble portant sur tous les aspects de la vie en Union soviétique : politique, économique, social, national, religieux, diplomatique, militaire. Les fondements de 1917 du régime collectiviste se trouvent mis en cause.

S’il fallait en deux mots résumer l’intensité et l’immensité de l’atmosphère à Moscou, on pourrait retenir deux impressions dans le tourbillon des idées : sincérité et hésitation. L’équipe au pouvoir veut transformer le pays, redresser les erreurs, changer en profondeur les responsables.

Mais les autorités paraissent aussi atteintes d’inquiétude et de pusillanimité devant l’ampleur et la multiplicité des problèmes survenus en une vague d’invités inattendus : critiques parlementaires, inflation, grèves, mouvements des nationalités, un véritable déferlement sorti d’une boîte de Pandore. Le passage du silence pesant à la parole, d’un univers uniforme et sans joie à la découverte de la démocratie a donné naissance au rêve et à la certitude d’un monde meilleur.